Les racines de la Grande Bretagne à l’honneur sur les nouvelles compositions brumeuses et folk de l’ex chanteur de Midlake Tim Smith.


La perfide Albion est aujourd’hui brillamment mise à l’honneur par l’ancien texan Tim Smith. Installé désormais avec femme et enfants en Caroline du nord, on avait totalement perdu de vue l’ex chanteur de Midlake. Plus de 10 ans après sa séparation avec le groupe – principalement pour différents artistiques – il ressurgi fin décembre d’une façon impromptue (cette sortie à ce moment de l’année n’augurait pas d’un timing très propice aux retrouvailles en grande pompe).

Ce premier album en solo sous l’entité Harp est intriguant à bien des égards : en premier lieu, il affiche un visuel déconcertant (en version cinématographique et cape et d’épée). Albion semble intemporel. Le graphisme de sa pochette y contribue pour beaucoup. Notre Excalibur, lancelot ou troubadour, c’est selon, arpente une plaine enneigée et désertique en nous observant de loin. Titillé par cette approche graphique un brin décalée on anticipe la musique qui va nous être distillée.

Musique moyenâgeuse, musique de chambre ?… un indice : pendant sa période de «réclusion», Smith n’a pas arrêté d’écouter un autre Smith (Robert) et un album en particulier (Faith) ; on cherche donc le lien ! Qui plus est Tim Smith s’est abreuvé de new-wave et de gothique des années 80, il a même poussé très loin en allant dénicher les disques de la scène française de Touching Pop du feu label Lively Art (sous division dans les années 80 du label New Rose) et plus précisément ceux de  la formation de Courbevoie Asylum Party. Alors Harp – Albion, serait-il un album de Touch Wave médiéval ?

Au côté de sa femme Kathi Zung, marionnettiste de métier et présente à la batterie et aux boîtes à rythmes, Smith offre une palette finie de climats folk et brumeux. Un conséquent travail de cinq années dans leur home studio a permis aux deux musiciens de produire un bel album pleinement cohérent et homogène. Les 12 compositions sentent bon la campagne anglaise et ses vieux villages de pierres médiévales. Bucoliques, ambiances grises et embrumées on se projette volontiers dans les landes de la campagne anglaise au son de ces mélopées.

Le contexte musical limpide et apaisé est porté par la voix angélique de l’artiste (quel somptueux timbre de voix porté particulièrement au pinacle sur la composition «Shining Spires»), la production est aussi accomplie, l’instrumentation parcourue de claviers analogiques accommodants et déliés se mêlent aux arpèges de guitares délicats et acoustiques estampillés année 80. On distingue ici et là une flûte qui renforce l’aspect nostalgique (longuement sur l’instrumental «Moon »). Albion aurait pu être une sortie idoine du label 4AD au temps de sa splendeur. Cet opus n’aurait pas non plus dépareillé dans la famille des folkeux britanniques de la décennie 70. D’où la difficulté à labelliser ce disque.

«The Pleasant Grey» ouverture instrumentale donne parfaitement le ton (pleasant) et la couleur (grey). La suite du récital sera à l’avenant. Mélancolie, nostalgie d’une certaine Angleterre («Daughters Of Albion» fait référence au poète britannique William Blake, la prolongation de l’écoute résonne comme un moment privilégié que l’on appréciera spontanément et en bloc, sans intention de morceler notre écoute.

Le monde et ses infos anxiogènes nous tourneboulent, Albion by Harp tombe à point nommé : son écoute est un aparté serein et pacifique on ne peut plus recommandable.

Bella Union – 2023

Fans of Harp 

https://www.bellaunion.com/

Tracklisting :

  1. The Pleasant Grey
  2. I Am The Seed
  3. A Fountain
  4. Daughters Of Albion
  5. Chrystals
  6. Country Cathedral Drive
  7. Shining Spires
  8. Silver Wings
  9. Seven Long Suns
  10. Moon
  11. Throne Of Amber
  12. Herstmonceoux