Les nouveaux héros de l’internationale indie pop sortent un second album en forme de consécration.
L’année 2017 est d’ores et déjà marqué par le retour des trois cadors de la scène rock indépendante canadienne. Pour le meilleur d’abord, avec les come backs, longtemps attendus et réussis de Broken Social Scene et de Wolf Parade, et puis pour… l’ennui, avec celui bien ampoulé d’Arcade Fire, qui s’ennuie sec sur son trône. Mais un outsider de luxe est sur le point de rafler le titre de meilleur album nord américain de l’année, voire plus si affinités. Depuis sa sortie début septembre, Antisocialite, second album d’Alvvays, reçoit une pluie d’éloges (de Pitchfork en passant par Mojo…) bien méritée.
Rien ne les préparait pourtant à un tel plébiscite. Car on ne peut pas dire que l’indie pop d’Alvvays soit vraiment novatrice : les influences regardent plutôt dans le rétro indie pop, côté outre-manche, tout au nord de l’Angleterre – l’Ecosse ! – avec ces guitares sous l’égide de la jangle pop des Pastels et des pionniers noisy pop Jesus & Mary Chain. L’atout d’Alvvays ne repose pourtant pas là. Mais plutôt dans le talent de mélodiste de la chanteuse et guitariste, la douce et ultra sensible Molly Rankin, dont ce second album, Antisocialites lui donne de sérieux airs de consécration.
Le quatuor mixte originaire de Toronto, avait attiré l’attention voilà deux ans avec un premier album produit par leur compatriote Chad VanGaalen, d’où se détachait déjà quelques singles additifs comme “Archie, Marry Me” et “Party Police”. Antisocialite, bénéficie cette fois de l’apport à la production le guitariste du groupe Alec O’Hanley, mais surtout de l’incontournable John Congleton, qui a déjà fait des miracles du côté de chez Anna Calvi, Angel Olsen, Future Islands… Et les anges semblent l’avoir de nouveau entendu sur ces dix pop songs touchées par la grâce. On vous parlait plus haut des accointances écossaise, il y faut ajouter le chant mélancolique, un brin ingénue, de Molly Rankin qui évoquera pour beaucoup celui de Tracyanne Campbell de Camera Obscura, figure marquante d’une prestigieuse lignée (Belle and Sebastian, The Vaselines…).
Autant prévenir, Antisocialite se range dans la catégorie de ces disques qui ne vous lâchent plus dès lors qu’on a enclenché la touche “play”. Cela se vérifie dès l’aérien et exalté “In Undertow”, avec ses guitares électrique, vaporeuses et ondulées à la Loveless, place la barre très très haut, voire crève le plafond. On a bien du mal à atterrir, mais « Dreams Tonite », d’apparence plus tranquille, cache un refrain obsédant “If I Saw You on the Street, Would I Have on my Dreams Tonight”. S’en suit une redoutable série de refrains entêtant : “Plimsoll Punks”, »Lollipop (Ode to Jim)”, “Forget About Life”… Mais si il ne devait en rester qu’une ce serait “Not My baby” avec ses arpèges couchés sur une boite à rythme de fortune qui captent parfaitement les fréquences ultra sensibles de The Radio Dept.
Pour couronner le tout, l’album bénéficie d’un parrain de choix, en la présence de Norman Blake, leader de Teenage Fanclub, ce trésor national écossais (l’homme vit depuis quelques années au Canada, ceci expliquant cela), qui contribue sur l’album à renfort de Glockenspiel et d’harmonies vocales. Si ce n’est pas un gage de qualité pour vous, on ne sait plus quoi faire pour vous convaincre de se procurer au plus vite ce petit bijou d’indie pop.
Label : Transgressive / PIAS
alvvays.bandcamp.com/album/antisocialites
Tracklisting :
1 – In Undertow
2 – Dreams Tonite
3 – Plimsoll Punks
4 – Your Type
5 – Not My Baby
6 – Hey
7 – Lollipop (Ode To Jim)
8 – Already Gone
9 – Saved By A Waif
10 – Forget About Life