Il est rare qu’un groupe qui a traversé 27 ans d’existence stimule toujours autant notre curiosité à chaque nouvelle parution d’album. Avec The Fall, The Church fait partie de cette caste hors du temps, prodigieusement prolifique et jamais domestiquée. Second volet de leurs relectures acoustiques entamées avec le revigorant El Momento Descuidado voilà un an, cette dernière livraison n’est donc pas vraiment un nouvel album et le concept Unplugged n’est pas novateur, mais la simple perspective d’entendre The Church revisiter son propre répertoire avec une section de cordes est du pain béni pour les fans (et une excellente rampe d’accès pour les novices).
El Memento Siguiente pioche donc dans l’impressionnante discographie des australiens pour exhumer quelques vieilles connaissances triées sur le volet (“It’s No Reason”, “Electric Lash”, “Grind”…). Les surprenants “Nsew”, “Two Places At Once”, et « Tantalized », drapés d’oripeaux aux couleurs inédites, dévient de leur contexte rock initial : textures jazzy, pop cabaret, orientalisme acidulé, folk onirique. L’extraverti “Reptile”, morceau de choix au riff tournoyant de guitare électrique, laisse ici place à un piano droit qui swingue, un sacrilège exquis. A ce stade d’excellence, il serait impardonnable d’omettre la reprise bouleversante du “Wide Open Road” des Triffids, poussé dans ses derniers retranchements émotionnels par la voix langoureuse de Steve Kilbey. La deuxième partie du disque révèle trois inédits, “Song In The Afternoon”, “Bordello” et l’instrumental “Comeuppance”, qui ne laissent aucun doute sur l’excellente santé de la paroisse culte des antipodes. El Memento Siguiente fait état, une fois encore, de l’époustouflante capacité de réinvention de The Church.
– Le site de The Church
– Ce disque n’est disponible qu’en import australien ou via le site Red Sun records