Les années new wave ne cessent d’être revisitées et ce ne sont pas ces Suédois qui nous contrediront, responsables de quelques belles fulgurances mélo-synthétiques. Le petit délice parfait pour regarder tomber les feuilles mortes.


Mais qu’ont-ils donc ces Suédois à orner leurs pochettes de paysages lugubres en noir et blanc ? Après les bois hantés par la Dame Blanche de Promises and Monsters, voici donc la forêt embrumée tendance Murnau des Mary Onettes. N’ayez pas peur cependant. Bien que mélancolique, la pop new wave de ce quatuor a des vertus flamboyantes. Fière recrue du label indépendant Labrador (ils ont fait un bref passage à leurs débuts chez BMG), leur premier opus éponyme contient, entre autres, le meilleur de leurs trois Eps sortis depuis 2004.

Parti des racines de la cold wave, The Mary Onettes (ne pas confondre avec le duo danois The Raveonettes) s’évertue à remonter l’arbre généalogique 80’s jusqu’au tronc populaire regroupant New Order, Cure tendance synthés en avant, voire Jesus & Mary Chain. On entend par là que ce quatuor polarisé autour du magnétique Philip Ekströms a parfaitement ingurgité toutes les tonalités et ramifications léguées par le genre. Sans pour autant renouveler la donne, à l’instar des revivalistes de l’Hacienda The Embassy, The Mary Onettes exhalent un parfum eighties sombre des plus nostalgiques. Il faut vraiment souligner le travail apporté à la production, juste équilibre entre puissance mélodique et ambiances cold wave. Mais tout cela serait un peu vain si le quatuor ne détenait pas un vrai talent pour le refrain qui foudroie littéralement sur place. Ces marionnettes-là sont capables d’hymnes pop dangereusement addictifs !

Pour preuve, ils ont accouché d’une pure merveille, “Lost », une pop song qui humilie définitivement Coldplay sur son terrain de prédilection. A savoir la madeleine pop épique, à la limite de l’outrancier avec des synthés millésimés «1986» héroïques, une basse médium chipée à Peter Hook et un refrain vibrant qui nous hérisse le poil, au dernier quart temps escompté, alors que s’élève la voix éperdue de Philip Ekströms poussée dans ses derniers retranchements émotionnels. Mais, mais… il y a un hic. Ça nous arrache la gueule de le dire, mais la voix de Philip Ekströms a des intonations proches du chanteur sur papier glacé Morten Harket (A-HA), les dérives tyroliennes en moins prononcées tout de même. Cependant, passé le stade du plaisir coupable, il faut admettre que son meneur de front tire le disque vers le haut. Quelque chose nous interpelle chez Philip Ekströms, le genre de lueur qu’on a pu croiser dans les yeux d’un Chris Martin avant que la machine ne se referme sur lui. D’ailleurs, le chanteur de Coldplay admettait récemment avoir un faible pour les tubes des éphèbes norvégiens. Et il n’est pas le seul. Qui se souvient de cette reprise superbe de “Manhattan Skyline” par les Kings of Convenience ?

Le fantôme du trio norvégien nous poursuit sur la platine : “Void”, hymne pop biodégradable, évoque aussi leur single “Touchy” avec son clip et sa buée sur la vitre (mince on s’enfonce !). Mais il y en a aussi pour les oreilles plus exigeantes, avec “Explosions”, où l’on croirait entendre un inédit des frères Reid, avec ses arpèges cousins de “Just Like Honey”. Sans oublier la ballade noire “The Laughter” et ses synthés chimériques tout droit extirpés des cauchemars de Robert Smith. Les amateurs d’I Love You But I’ve Chosen Darkness n’y verront que du feu.

Il est un peu dommage que la flamme qui les habite ait tendance à s’atténuer sur les derniers morceaux. Mais pour la bonne poignée de gourmandises offertes en pitance, le frisson est bien là. Et c’est l’essentiel. Au fait, quel était le nom de ce groupe derrière le tube de L’histoire sans fin ?

– La page Myspace de The Mary Onettes

– Le site du label Labrador