Bien loin des orchestrations de son EP Six Preludes (2005) et de Coins and Crosses (2006), le nouvel opus tant attendu du musicien anglais Ryan Teague, Causeway, surprend à la première écoute par son aspect dépouillé, sa simplicité. Ici, c’est l’unique instrument, une guitare (six-cordes et douze-cordes) qui compose les morceaux selon des arpèges qui se répètent et qui s’arborent. Si Teague crée ainsi des murs sonores autour de lui, cet isolement symbolique n’est qu’une manière pour le musicien anglais de se détacher de l’entrain qui recouvre progressivement le dialogue entre lui et son auditeur, et de rendre effectif la magie de son jeu, à savoir quand la technique de l’artiste s’estompe peu à peu, ainsi que sa silhouette, laissant la place humblement à la danse rythmée et régulière des notes s’élançant seules. C’est en ce sens que, au-delà d’un véritable art du fingerpicking, les doigts de Ryan Teague semblent chercher une expressivité qui résulterait d’un travail d’auto-génération. Par ailleurs, même si l’approche du musicien peut s’apparenter à la tradition des expérimentalistes de la musique sérielle ou minimaliste, ici on part assurément de l’émotion et du plaisir avec une sérénité étonnante, pour arriver à une structure précise et claire pour chaque composition. Le titre de l’album, Causeway, signifie la chaussée, à savoir une voie surélevée que l’on construit pour pouvoir circuler ; il illustre bien ce parfait degré d’anachronisme et de géométrie qui soutient la mélodie, sans que l’on considère cette dernière comme « cérébrale » ou abstraite, puisqu’à la fin, ce qu’on entend n’est ni de l’opposition ni de la dissonance, mais du pur enchantement.
– Le site officiel de Ryan Teague
– La page myspace
– A écouter : “Undone”
A écouter : “White Nights”