Les vibrants inédits « College » et « Siren’s Song », disséminés il y a quelques mois sur la Toile en guise d’amuse-gueule pour ce cinquième album, annonçaient le grand retour de l’une des plus attachantes attractions indie-pop US de la décennie 2000.
Les vibrants inédits « College » et « Siren’s Song », disséminés il y a quelques mois sur la Toile en guise d’amuse-gueule pour ce cinquième album, annonçaient le grand retour de l’une des plus attachantes attractions indie-pop US de la décennie 2000. Oubliez le précédent essai, Permalight (2010) et ses incursions electro dansantes ratées, ce malgré une évidente volonté de faire bonne figure. Après s’être ressourcé en solo sur un disque champêtre d’excellente tenue (Come Back to Us en 2011), le grand manitou Zack Rogue repart de bon pied sur ce cinquième opus en dix ans de carrière, toujours épaulé de son fidèle acolyte, le batteur Patrick Spurgeon, seul membre rescapé depuis les débuts du groupe. Aussi après quelques déconvenues, Nightingale Floors inaugure un nouveau label (Vagrant records) et s’adjoint du producteur à l’oreille absolue, John Congleton (The Walkmen, Explosions in the Sky). Sur ces bonnes assises, le songwriter de San Francisco peut se concentrer sur ce qu’il sait faire de mieux : une power pop imparable, passée aux rayons gamma psyché/shoegaze. Si pour le coup l’amateur sait à quoi s’attendre, on se délecte aussi de retrouver un sens mélodique plus affûté que jamais (« No Magnatone », « Figured it Out »). Même si il faut le concéder le duo a parfois du mal à canaliser son énergie sur le long format. Les dix titres se partagent ainsi entre poussées indie rock (souvent spectaculaires) et percées folk en solitaire . « Siren’s Song », revenons-y, est incontestablement l’une des plus redoutables compositions de Zach Rogue à ce jour, et ferait rougir de honte le répertoire plus en vogue d’un Deerhunter. Aussi, après le passage de la cavalerie électrique, l’album surprend en dévoilant une étonnante économie de moyen, généralement autour d’une guitare sèche et d’un clavier minimaliste – sur « The Closer I Get » et « Without Pain » pour une conclusion émouvante avec « Everyone Wants to be You » (l’album est dédié au père de Rogue décédé l’an dernier). Bien qu’il existe aujourd’hui quantité de groupes qui se distinguent dans le genre pop tarabiscoté, très peu savent concilier comme cette formation méritante, mélodie instantanée et mur du son vrillé.