« Who the hell make those Missiles? » Vingt-trois ans après sa parution, les paroles de feu Adrian Borland sont toujours diablement d’actualité. Ecrites en pleine guerre froide, « Missiles » dénonce l’hypocrisie de l’ère Reagan et l’incapacité des superpuissances de régler une crise sur le désarmement qui n’a que trop duré. Mais derrière des paroles vengeresses se cache un des plus beaux hymnes rock des années 80. La voix écorchée et les riffs épileptiques d’Adrian Borland – qui a mis tristement fin à ses jours en 1999 – donne toujours le frisson.
Difficile après une seule écoute de cet hymne rock « oublié » de dénier la puissance extraordinaire que possédait The Sound : ambiance d’outre-tombe, travail sur les guitares prodigieuses, voix phénoménale (rappelant souvent Jeffrey Lee Pierce, un autre possédé du démon rock, disparu tristement). Autre détail, « Missiles » est tiré de Jeopardy, premier album de The Sound. Si l’ambiance générale ainsi que la pochette rappelait la froideur d’un Joy Division ou d’un Bauhaus, la galette est un brûlot post-punk honteusement oublié ces derniers temps – mais avec l’arrivé d’Interpol et la récente remasterisation du catalogue (enfin!) disponible en import, qui sait?. Il était grand temps de réhabiliter un des meilleurs groupes de rock des années 80. Dont acte avec cette chronique.