Premier album lumineux d’une bande de jeunes décomplexés, qui impressionnent par leur maîtrise, et se posent en espoir sérieux du rock hexagonal.
Il y a tout juste un an, Volage sortait un premier E.P gorgé d’une ardente fraîcheur juvénile, se laissant aller à des mélodies entraînantes, naïves à souhait, et tentaient même quelques escapades Segalliennes poussées, ce qui peut sembler téméraires pour des débuts. Si l’intention était plus que louable, et si le tout manquait quelque peu de profondeur – surtout sur le plan de la production – ces jeunes Poitevins faisaient montre d’un potentiel indiscutable qui les faisait logiquement glisser vers le dossier « à suivre » de la plupart des PC de nos confrères de la presse spécialisée.
Comme espéré, Heart Healing pousse le curseur un peu plus haut, mais pas vraiment là où on l’attendait. Spéculant sur un énième calque de la formule à succès des Ty Segall & consort, le petit chroniqueur (comme le grand, certainement) eut la surprise de voir que décidément, les enfants grandissent trop vite, et que ce cliché est encore plus vrai pour les artistes : nos jeunes esprits Volage semblent en effet avoir mués en allant chercher eux même leurs propres inspirations, des Byrds à Nirvana, avec en fil d’Ariane la période des années studios des Beatles, rien que ça.
Pas complexé pour un sou, la vingtaine, et en mode « auto-produit » depuis leur garage basé en rase campagne à équidistance entre Poitier et Châteauroux, Volage commence par nous balancer un « Owl » attestant d’une certaine rigueur (voire d’une vigueur certaine !) de l’art du changement de tempo, la pression sur la pédale multi-effets parfaitement accompagnée par une section rythmique des plus carrées. « Upset » est lumineux, mais c’est avec « Heart Healing » que la partie débute réellement, une jolie mélodie entremêlant arpèges et piano explosant sous une distorsion du plus bel effet. Dans la même veine, mais en plus poussée, on saluera « Loner », chanson à tiroirs du plus bel effet, de plus de 7 minutes et maitrisée de bout en bout, mention spéciale « je m’éclate et ça s’entend » décernée au batteur Thibault Gaudinat.
Ponctués d’accélération du tempo et d’agressivité assez jouissives (l’explosive « Touched By Grace », ou la grungy « This Ain’t A Walk »), Heart Healing se démarque par des compositions osées dont l’inspiration devient limpide avec ce clin d’Å“il final, « Love Is All » : si tous ou presque se sont inspirés du gang de Liverpool, peu sont ceux de la nouvelle vague garage qui ont osé plagier leur style. Du haut de leurs 20 ans et dans l’anonymat le plus total, ils l’ont fait avec brio. Mais, chut…écoutez : Il parait qu’on commence à les entendre dans la bande son d’une publicité pour une marque de voiture… Si ce n’est pas la façon la plus noble d’accéder au succès, on ne boudera pas notre plaisir de les voir y parvenir par ce biais. Arès tout, en temps de crise, seul le résultat compte : pour eux, comme pour nous.