Free The Bees fait partie de cette catégorie d’albums dont on tombe amoureux dès la première seconde, pour peu que l’on éprouve une quelconque affinité pour des groupes tels que les Beatles, les Beach Boys ou encore les Rolling Stones.


Il y a des fois où, en lisant une biographie, on a l’impression de débarquer en plein conte de fées…. Jugez plutôt : deux potes, Paul Butler et Aaron Fletcher jouent de la musique avec tous leurs amis. En plus, Paul a de la chance, car il possède une petite cabane dans le jardin de ses parents, où l’on peut carrément enregistrer ! C’est proprement hallucinant, oui je sais. Bref, à force de tripatouiller leurs instruments et leurs câbles électriques, nos deux compères sortent, sous le nom The Bees, l’album Sunshine Hits Me en 2002.

Ce premier opus fait directement forte impression chez nos voisins les britons, en obtenant une nomination aux très « prizés » Mercury prize (excusez-moi, ça me démangeais). Bref, après ce premier coup d’éclat, c’est le silence radio jusqu’à… Aujourd’hui. Quoi de neuf sous les tropiques ? Fini les studios dans les cabanes, désormais, The Bees opèrent dans un nouveau QG, et pas des moindres : le mythique studio d’Abbey Road, tout bonnement. Je ne vous ferai pas l’affront de vous dire qui avait squatté ce mythique studio quelques décennies auparavant, mais ce qui est sûr, c’est qu’en enregistrant Free the Bees ici, ils ont réveillés quelques fantômes ! Ecoutez « Go Karts », c’est assez flagrant : Macca n’est pas très loin !

Bref, après trois semaines d’enregistrement intensives, voilà la nouvelle galette fin prête. Il ne faut pas attendre longtemps pour mesurer la température auprès de la critique : Free The Bees est acclamé partout. Je me dis donc que c’est un album pour moi, je vais pouvoir faire la nique à tous ces magazines anglais qui voient la nouvelle relève du rock tous les 3 jours.

La première écoute du CD suffit à me faire taire : si Free The Bees était sorti il y a 35 ans, il n’aurait pas eu à rougir devant un album des Beach Boys ou des Rolling Stones : production impeccable, morceaux frais et variés, bref, du tout bon. C’est simple, en écoutant cet album, on a l’impression d’être un petit garçon dans un caddie, dirigé de main de maître dans les rayons d’un magasin regroupant tous les vinyles des meilleurs groupes des sixties. Une ballade en douze morceaux, tous aussi bons les uns que les autres.

« These Are The Ghosts » ouvre le ballet, croisement entre le meilleur des Pretty Things et de Love, le genre de morceau qui vous reste toute une journée en tête après deux écoutes. Le titre de ce morceau résume d’ailleurs à merveille toute l’affaire : ils ont réveillé les fantômes des sixties, probablement en marmonnant quelque obscure incantation dans Abbey Road.

On pense très souvent aux Doors, comme sur « No Atmosphere », où l’on se rapproche à grands pas d’un Jim Morrison et de son « Whiskey Bar », avec ces claviers entétants et cette perpétuelle montée vocale et instrumentale tout au long du morceau. Un clin d’oeil aux Rolling Stones du début également, sur « Chicken Payback », aux Beach Boys avec « Horsemen » et ses harmonies vocales 100% psychédéliques, ou encore « I Love You » qui n’aurait pas volé sa place sur une BO de Tarantino.

Bref, ce voyage à rebrousse temps évoque un paysage différent à chaque instant, ne laissant aucune place à une éventuelle faute de goût dans la production. Tout est excellent, c’est un disque parfait pour entamer l’été, la tête dans les nuages. C’est clair, nos abeilles se sont libérées, et avec un tel coup d’éclat, on imagine mal comment ils pourraient rester plus longtemps dans l’anonymat en France. Bravo les gars, un album comme celui-ci, c’est un cadeau inestimable !

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