Voilà un groupe acoustique qui sert un rock dur très indie et vous fera indéniablement penser à PJ Harvey. Il serait dommage tout de même de s’en tenir à cette première impression.
C’est très électrique, avec une chanteuse à la voix parfois éraillée, comme si elle s’enfilait quatre packs de bière avant de se mettre à chanter, et une autre à la voix d’ange. Deux chanteuses pour le prix d’une en fin de compte. Dès le titre d’ouverture, « Stranger for good », ça commence fort et bien. Le deuxième, « More and More », temporise déjà un peu la chose, histoire qu’on reprenne un peu son souffle. C’est une belle chanson, ni ballade ni speedie, lorgnant du côté des 10000 Maniacs, avant que des guitares rageuses viennent semer le trouble dans un marasme bruitiste du plus bel effet. Aurait-on trouvé un pendant féminin à Fugazi (écoutez « Good vibrations for neighbourhood militants »)? Peut-être bien.
La première référence qui vient à l’esprit, comme à chaque fois que l’on a affaire à du rock dur de qualité féminin, c’est à PJ Harvey. Faut dire que c’est dérangeant de toujours citer les mêmes mais c’est peut-être justement parce que la parité, comme en politique, n’est pas encore de mise ici. Le rock serait-il machiste? Oui, un peu sans doute. Ce qui fait penser à Ze Monsta c’est cette aptitude toute féminine – schyzophrène tenterais-je mais ne risquerais-je pas un procès par les chiennes de garde? – de passer de la douceur à la folie enragée. Aurélia et Dorothée le font très très bien. Pendant que les mecs (Romain et Jean) s’occuppent de la section rythmique.
Question : Vous êtes un groupe avec une solide réputation scénique et vous voulez mettre toutes les chances de votre côté ? Qu’à cela ne tienne, Hopper sait faire la part des choses : Peter Deimel (Chokebore, Deus ) et Iain Burgess (pote d’Albini) décident d’enregistrer cette galette dans les conditions du live. Cela se sent, c’est vivant et vibrant, un instantanné d’énergie brute.
« Colours » et sa reprise guitaristique de Amicalement vôtre brille par son côté tubesque, tout en n’oubliant pas de sonner brut et dur : un régal. En mêle temps, il y a une précision méticuleuse dans la façon de jouer qui séduit, car on est assez proche du concept de l’unplugged qui vire vers la jam session enflammée, et là réside tout l’intérêt à enregistrer en une prise en studio. Car, comme chez Shannon Wright, on retrouve cette envie d’en découdre artistique si répendue dans l’indie-rock. Le chant sur « The last sin » est très proche de celui de PJ Harvey, ceci pour signaler que la comparaison n’était pas seulement dictée par la facilité ou le manque de références en la matière.
Et le meilleur pour la fin : cette petite troupe si Anglo-saxonne est pourtant bel et bien Française. Qui l’eut cru?
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