Paws ! Paws ! Paws ! Sur son baptême du feu Cokefloat !, sorti en 2012, le power trio écossais ratait rarement sa cible…


Paws ! Paws ! Paws ! Sur son baptême du feu Cokefloat ! sorti en 2012, ce power trio ratait rarement sa cible. Avec leurs guitares bien graissées et brouillonnes, dans le droite lignée de la période bleue de Weezer, et bien sûr leur sens de la pop song binaire débordante d’énergie, ces glaswégiens frondeurs alignaient quelques singles épatants : les hymnesques « Homecoming » et « Boregasm », transpiraient d’une certaine i(n)dée de la power pop des années 90 (Nada Surf, Ash, voire Dinosaur Jr…). Pas visionnaire pour un sou, mais une fulgurance mélodique indéniable à mettre au crédit de leur jeunesse (tous sont nés après 1990) et leur insouciance. Géolocalisation oblige, Paws nous rappelait aussi au bon souvenir de leurs ainés écossais Idlewild. Mais on sait combien cette spontanéité est difficile à réitérer l’heure venue du deuxième album. Bien conscient de l’enjeu, le trio originellement formé par Phillip Taylor (voix/guitare), Josh Swinney (basse/vocaux) et Matthew Scott (batterie), remplacé l’an dernier par Ryan Drever (No Island/Garden Of Elks) a désormais envie de se frotter à de nouveaux horizons, sans pour autant renier la fougue qui a fait sa réputation. Produit par le groupe et enregistré loin des highlands – New York ! – dans le studio de leur camarade de label, Adam Pierce (le leader de Mice Parade), Youth Culture Forever apprend à varier les plaisirs. Plutôt que d’empiler les parpaings power pop, le trio s’économise sur la longueur et gagne ainsi en finesse. Une grande moitié de l’album contient encore son lot de bombinettes pop-punk compressées en deux/trois minutes (les fédérateurs « Give Up », « An Honest Romance » et « Tongues »), mais de l’autre côté, le son s’étoffe incontestablement : distorsion moins systématiquement baveuse, propice à développer des ambiances plus solitaires (en mode débranché sur le déprimé « Erreur Humaine ») ; les tempos ralentissent ou disparaissent carrément (sur le lo-fi « YCF ») ; Adam Pierce s’incruste parfois au piano et au glockenspiel. La fausse balade « Alone », se paie même le luxe d’arrangements au violoncelle interprétés par Isabel Castellvi (Coco Rosie et Mark Kozelek). Surprise totale à la dernière plage, on n’aurait jamais soupçonné ce groupe capable d’investir les terres de Mogwai, mais c’est bien le cas sur l’hallucinant finale instrumental « War Cry », douze minutes de post-rock franchement menaçant. On est bien loin de l’ambiance joyeusement dissipée des débuts. Ces enfants des années 90 doivent désormais être pris au sérieux, mais pas trop non plus.