Première salve Noise Rock/Shoegaze pour ce groupe de Bristol qui s’affirme comme une belle révélation de ce début d’année.


Petit test pour introduire cette chronique : si on vous dit Bristol, à qui ou à quoi pensez-vous en terme de musique ? Logiquement, la première réponse qui viendra à l’esprit sera d’évoquer les plus fiers représentants du spleen et du mal-être tenace en la personne de Portishead, Massive Attack voire Earthling. Ou dans une moindre mesure Nick Talbot et ses Gravenhurst. Par contre, jamais ne viendra à l’esprit sa scène psyché/shoegaze. Pourtant, il va falloir désormais sérieusement y songer avec Spectres, nouvelle signature du plus américain des labels anglais Sonic Cathedral. Ce quatuor, composé de Joe Hatt (chant / guitare), Adrian Dutt (guitare), Darren Frost (basse), Andy Came (batterie) propose avec Dying un des albums psyché rock les plus solides de ce début d’année.

Après une courte mise en bouche bruitiste et instrumentale, c’est pied au plancher que démarre la galette. Avec un « Where Flies Sleep » speedé, sous haute influence Shoegaze, mélange détonnant entre Jesus And Mary Chain et My Bloody Valentine. Clairement pendant quelques morceaux, le groupe ne sait d’ailleurs que choisir entre ces deux monuments et finit par prendre le parti de… s’en foutre. Leur raffut rock d’apparence bordélique mais mélodique, évoque par moment le premier Vision Fortune, soit british jusqu’au bout du médiator.
Dying semble ainsi prendre son rythme de croisière, entre bruit blanc et coup de speed, et ce jusqu’à « Family ». Puis, sans prévenir l’album décolle. L’ambiance y devient poisseuse, les drogues commencent à faire leur effet (« This Purgatory ») et de « très bon » l’album vire à l’excellence. Les quatre fantômes abandonnent alors les références anglaises et revisite le rock américain (« Mirror », très Sonic Youth), accumulent les couches de guitares, les superposent, deviennent teigneux et urgent ou dans le cas contraire, prennent leur temps en devenant complètement lysergique.

Il en va ainsi des six derniers morceaux dans lesquels Spectres devient véritablement dangereux sur les moments les plus éffrénés et où il parvient à atteindre certains sommets quand il lève le pied ( « This Purgatory », rampant et malsain, « Blood In Cups », fascinant autant qu’inquiétant, conduit par une basse monumentale et psyché au possible, parvient à croiser les deux tendances.). Mais le quatuor n’est jamais meilleur que quand il mélange influences british et américaines. Le grandiose « Sea Of trees », morceau de conclusion, en est la preuve la plus éclatante, parvenant à marier Noise rock, tension, bruit blanc façon Diamond Sea et conclusion presque Dream Pop sans que ça ne vire au n’importe quoi.

En somme, Spectres ne réinvente pas l’eau chaude (ce n’est pas non plus ce qui leur est demandé) mais parvient à livrer un album fort réjouissant, passionnant de bout en bout. Aucune révolution à en attendre mais pour qui cherche un album intense et tendu, chaque nouvelle écoute sera un plaisir renouvelé.

PS : Toute ressemblance avec la pochette de l’album Ici-Bas Ici Même de Miossec est absolument fortuite, qu’on se le dise. Et si jamais vous y retrouvez des similitudes musicales, arrêtez les drogues.