Troisième album de cette formation officiant à Brooklyn, Calla est un power-trio privilégiant les ambiances calmes avant la tempête. Une formule un peu marginale par rapport à la scène surmédiatisé de New York, plus penché sur le rock énergique, mais tout aussi efficace.


Certainement la formation la plus mélancolique ayant émergé sur la scène rock new-yorkaise ces dernières années, le spleen de Calla ne nous apporte pas moins du baume au coeur. Voilà deux ans, le second album du trio, Scavengers, avait fait son petit effet avec notamment une reprise atypique d’un titre de U2 période The Unforgettable Fire (« Promenade »).

Le groupe n’a pas chômé depuis avec la parution d’un split single en co-affiche avec les excellents Walkmen, puis suivit d’un album de remixes où le trio se laissait aller à des expérimentations électroniques en compagnie d’alliers sûrs : Tarwater, Pan American, I-Sound… Rien de bien mémorable mais qui eu le mérite de faire patienter son public avant de retourner aux choses sérieuses avec un vrai nouvel album.

Televise, troisième album donc de ce groupe formé il y a déjà six ans, tient toutes ses promesses et renforce les fondations. Ce qui séduit d’emblée chez Calla, c’est qu’on sent une conscience derrière cet effort discographique ainsi qu’une volonté d’éviter de tomber dans la facilité. On a affaire a des musiciens intelligents, capable d’explorer de nouveaux chemins mélodiques tout en évitant de ressasser des formules maintes fois épuisées.

Ainsi, Televise se divise en deux parties. La première moitié de l’album est très silencieuse, minimalistes même si le mot d’ordre est toujours centré sur une certaine gravité. Dès « Strangler », le ton rappelle un Radiohead qui s’acharnerait à ne composer que des « Street Spirit ». Il se dégage de ces chansons calmes – où quelques vagues larsen viennent planter le décor – une fausse sérénité qui pourrait imploser à tout moment. Mais c’est finalement à la moitié de l’album que les chansons se font plus agitées.

La rage intérieure est accentuée par la batterie qui occupe davantage l’espace. Sur « As quick as it Comes », les guitares prennent le dessus avec un motif mélodique qui revient nous hanter tel un fantôme. Et puis le chant un peu limité d’Aurelio Valle – il parle plus qu’il ne chante – finit par séduire et colle bien avec l’ambiance générale.

Finalement, on se dit que Calla a davantage à voir avec un Talk Talk période « Spirit Of Eden » pour sa manière d’exploiter les silences – une tache pas si facile à maîtriser pour un groupe à guitare – qu’avec le reste de la scène garage rock new-yorkaise. Un trio qui se bonifie avec le temps et sait mieux se faire maître d’ambiances. Et si cet album demande quelques écoutes répétées pour prendre toute son ampleur, il y a de fortes chances qu’il perdure mieux que d’autres du même créneau, actuellement sous les projecteurs.