Sur son premier album éponyme, Timesbold vient de frapper très fort. Ce trio Brooklinois parvient à mêler avec finesse la country d’un Palace avec la mélancolie d’un Mark Linkous. Le groupe de Jason Merrit (retenez son nom) vient de réussir avec succès son baptème du feu.


Il y a des signes qui ne trompent pas sur certains albums. Dès le premier morceau et sans même l’avoir écouté jusqu’à la fin, on sait que la partie est jouée d’avance, qu’on a affaire à un grand disque. Le premier album de Timesbold est de cet acabit. J’ai tout de suite été attiré par cette très belle pochette qui rappelle celle d’ In The Afternoon de l’Altra sorti l’an dernier, un autre grand album. La comparaison s’arrête là, car le contenu musical y est bien plus champêtre que chez les protégés du label Aesthetics, malgré une certaine mélancolie réminiscente.

Remarqué par la presse anglaise en 2001 avec son Single « sween in seems », c’est finalement le label belge Zeal Records qui s’occupe de la distribution de cette fraîche formation, reliée par l’excellent label bordelais Talitres dans nos contrés. Avec cette nouvelle référence dans leur catalogue, on va finir par croire que Talitres s’est spécialisé dans le créneau « Brooklynois », tant leur catalogue recel de combos de la célèbre banlieue de New York. (Walkmen, Calla, Timesbold, The National, Birdwatcher…). La musique ici s’éloigne pourtant des combos rock que l’on a pris l’habitude de citer ces derniers temps lorsque l’on parle de New York.

Timesbold est donc un trio originaire de Brooklyn et constitué de Jason Merrit, a.k.a. Whip (chant, guitare acoustique et électrique), Dan Goebel (basse, violon, piano,…) et Max Lichtenstein (batterie, percussion,…). L’univers sonore du groupe tendrait plutôt vers du folk alternatif dans la ligné d’un Palace, Songs : Ohia, voir Sparklehorse première époque pour son goût prononcé pour le bidouillage artisanal.

Dès l’écoute de ce premier album éponyme, on sent qu’un soin méticuleux a été pris pour trouver le véhicule adéquat, afin de délivrer sa mélancolie. Cette démarche se concrétise en utilisant toute sorte d’instruments éclectiques qui leur passe par la main : banjo, harmonium, optigan, mellotron , clarinette, mandoline, verres à vin, bouilloire…

En ce qui concerne Palace, la comparaison s’accentue lorsqu’on entend pour la première fois le grain de voix de Jason Merrit (chants, guitares), tout aussi plaintive, certaines fois un peu plus haute que celle du parrain de la néo-country alternative. Le groupe conserve cependant un certain sens de la mélodie, là où Will Oldham peut parfois y faire abstraction dans son chant. Le soin sur la production y est aussi davantage travaillé : il s’en dégage un sentiment que chaque sonorité ici à son importance. Tout comme Terence Malick et Mark Hollis, le groupe de Jason Merrit a appris à dessiner des paysages simples pour les transcender, là où quiconque n’y verrait qu’un vulgaire bout de terre. En cela, la magie de Timesbold est essentielle.

Voilà un groupe humble, dont l’éthique se traduit même dans le livret de l’album où les titres des chansons ne sont pas appuyés de majuscules. Enfin, il faut signaler -pour les futurs accros – que la seconde compilation du label Acuarella regorge d’un inédit du groupe « Watercolour », de très bonne facture. De quoi prolonger un petit peu une nouvelle relation privilégiée.