Après un premier EP très estival (malgré la pochette avec des eskimos qui jouent au basket sur la banquise!), Ralph Myerz and co nous confirme ici que la Norvège est devenu un sérieux concurrent en matière d’électro délurée et sophistiquée.


Encensé par Richard Dorfmeister ainsi que leurs anciens compagnons d’écurie chez Telle Records, Ralph Myerz & The Jack Herren Band possèdent bien avant la parution de son premier album une réputation qui a déjà traversé les frontières de l’UE. La parution du Special EP il y a quelques mois avait suffit à mettre en émoi la presse spécialisée britannique. Ce quatre titres rafraîchissant nous dévoilait un groupe maîtrisant avec brillance les ambiances Lounge tout en n’hésitant pas à intégrer des mélodies pop à leur répertoire. On découvrait ainsi que la Norvège et plus particulièrement la ville de Bergen ne rimait pas qu’avec Kings of Convenience et de Royksöpp, mais possédait un autre outsider de haute volée.

Originaire donc de la petite ville de Bergen, Erlend Sellevold (aka Mr. Ralph Myerz) commence ces faits d’arme en tant que DJ local au beau milieu de la décennie précédente. Son histoire débute réellement en 1997 après avoir triomphé lors d’un festival local. Fortement encouragé par cette prestation, Mr Myerz se lance ensuite dans la grande aventure musicale accompagné de deux vieilles connaissances de patelin, Thomas Lonnheim et Tarjei Strom (percussions et batterie). Ralph Myerz & The Jack Herren Band, nom inspiré du sulfureux réalisateur américain Russ Meyer, était né.

Depuis 1999, Ralph Myerz publie quelques maxis à l’échelon nationale, boosté depuis peu par la renommée grandissante de leur label d’adoption, Telle Records (toujours Kings of Convenience et Royksöpp). Pourtant, ce n’est que courant 2003 que leur première sortie à l’échelle internationale est officialisée avec A Special Ep qui contient l’excellent single « Clouds ». Spécialistes du second degré (visez un peu le cynisme des pochettes) A special album confirme l’éclosion d’un nouveau trublion dans le PEI (paysage électro international :))))))))).

Ce premier album démontre que le Myerz and co parviennent à inclure à chaque récente livraison un nouvel élément musical primordial dans l’architecture sonore du groupe. Cette fois-ci, le dub chasse un peu les atmosphères Lounge d’auparavant et figure une volonté de renouvellement continuel en matière d’ambiances. On pense parfois à de l’acid jazz, mais l’ensemble brasse davantage : funk, dub, trip hop, pop… le cocktail est riche. Un tel mélange d’ambiances aboutie la plupart du temps à une nourriture indigeste, mais il faut avouer que les norvégiens s’en sortent pas mal.

« Think Twice » petite perle mélodique, rappelle du Boney M sous acide et peut même prétendre à une place dorée dans les charts européens si un DJ avisé prêterait ses oreilles dessus. « Special Morning », avec son refrain siffloté se révèle délicieusement additif et donne envie de s’allonger sur un hamac à l’ombre des palmiers.
Leur mini-tube « Nikita » est aussi de la fête, bénéficiant d’une énième relecture cette-fois-ci dub, prouvant au passage qu’un bon titre fonctionne à (presque) toutes les sauces. Bien sûr, l’album n’est pas parfait de bout en bout, mais son côté « je me prends pas la tête » suffit à emporter l’affaire.

Mine de rien, ces petits artisans adeptes du self-made-home, viennent de nous gratifier d’un album rafraîchissant, qui tombe à point nommé au beau milieu de cette saison caniculaire. Il ne reste plus qu’à les entendre fouler le sol français, les affreux norvégiens étant déjà précédés d’une solide réputation scénique.

-le site de Ralph Myer

-le site du groupe chez Emperor Norton