Avec Nobody’s son, un anglais se fait l’écho d’une Amérique découverte dans les livres de la beat generation. Revendiquant son attachement à la country, Jason McKniff revisite les thèmes abordés dans les westerns spaghettis et se trouve une famille dans le label Snowstorm, refuge des musiques acoustiques.


Le décor est planté. Au loin dans une plaine désertique, on aperçoit un homme à cheval fondant sur une ville, où les habitants terrés par la peur se cachent dans leurs maisons. Cet homme aux manières rustres sera chargé de protéger la ville contre des bandits qui autrefois ont tué le shérif.

En revoyant « l’homme des hautes plaines » de Clint Eastwood, j’avais en tête l’album de Jason McKniff Nobody’s son et il m’est apparu évident que ce disque aurait pu être la bande son du film s’il était sorti à la même époque. L’ambiance folk gravitant autour des chansons colle si bien à la mise en scène qu’on peut envisager les compositions comme un reflet des thèmes abordés dans le film, le déracinement, les blessures physiques et morales, la violence contenue, la liberté, la fuite.

Ainsi, le titre « All around America » peut être vu comme une évocation des malaises de la société américaine dépeinte dans le film, incitant à découvrir d’autres lieux où la beauté règne sur le cynisme des hommes. Alors que « Don’t dance with me » et « Blow up the bridge » accompagneraient les scènes d’excès en tout genre d’Eastwood, « Nobody’s son » et « Time goes rollin’ by » seraient le miroir de ce pistolero sans attache, qui de ville en ville propose ses services de mercenaire pour une poignée de dollar.

Toutes ces interprétations possibles font de cet album un guide parfait d’une Amérique perdue, à la recherche de ces racines.

Paradoxalement, on doit cette musique à un londonien, qui partage avec les autres groupes du label anglais Snowstorm Records cet amour pour le Grand Ouest. Le label Snowstorm a su créer une identité entre folk et country autour de groupes comme les Candidate, fer de lance du label qui vient de sortir l’inspiré Nuada, album où se mélangent les racines folk écossaise à la pop anglaise, Chris T-T dont ses compositions sont proches de celles de Badly Drawn Boy, ou encore The Broken Family Band dont le dernier album en date Cold Water Songs se situe entre Jude et Bright Eyes. Autant de groupes qui cohabitent, s’influencent et deviennent le moteur du dynamisme du label Snowstorm.

Venant de l’héritage de la musique folk anglo-saxonne et de la country américaine, Jason McKniff épaulé par quelques musiciens de Grand Drive et de Hank Dogs, devenant par là une sorte d’ambassadeur du son Snowstorm et pourrait servir de catalyseur ouvrant la voie pour toute une scène anglaise dont de nombreux projets musicaux puisent ses sources dans la musique américaine des années cinquantes et revendiquent leur attachement à l’acoustique.

Nobody’s son est un album propice au dépaysement, une antidote au bruit assourdissant et à la pollution des villes. Mettant en avant une musique éthérée, servie par une voix de crooners country, tendance Bob Dylan ou Peter Walsh des Apartments, les chansons de Jason McKniff parlent à tous ceux qui prennent le temps de vivre, de regarder la nature.

A l’écoute des onze titres de Nobody’s son, on se surprend soudain à faire ses valises la guitare en bandouillère direction cette communauté acoustique où la musique rime avec liberté. « True love, Freedom, babe became a boy, and boy became a man » chante Jason McKniff, décidement cet univers a tout pour plaire, il nous accueille les bras ouverts.

– le site officiel de Snowstorm Records