Avec « Whalerider », bande son du film éponyme de Niki Caro, Lisa Gerrard poursuit son travail de composition introspectif où les ambiances aériennes entraînent l’auditeur vers des plages autant apaisantes qu’intriguantes. Que d’émotions!


Dans la mythologie maori new-zelandaise, la baleine représente la puissance et la beauté. Elle est symbole de protection contre la mer, de gardienne des esprits. Il est dit que le premier habitant de Whangara, nommé Paika, arriva sur le dos d’une baleine. Depuis, ses descendants vouent un culte très fidèle à ce mamifère marin.

A la demande de Niki Caro, réalisatrice du film « Whalerider », Lisa Gerrard en a composé la bande son. Le film conte l’histoire d’une jeune femme qui se doit de triompher de la tradition patriarche à la poursuite de son destin.

Inspirée de cette mythologie, le disque de Lisa Gerrard s’écoute comme une vague se balançant sur les eaux des mers. Proche des ambiances créées avec Denez Prigent ou Pieter Bourke, Lisa Gerrard a conçu une musique de film où les sons se répondent dans l’espace, produisant un effet d’immersion, comme une plongée dans les fonds marins.

Nageant dans des eaux limpides, l’auditeur est comme hypnotisé par le peu de lumière que laisse échapper les profondeurs des mers. Une musique qui résonne de bruits sourds, percussions étouffés, mais qui à la force de se propager jusqu’à la surface et comme le jet d’une baleine, recrache avec force l’oxygène accumulé par des heures d’apnée.

La voix lyrique de Lisa Gerrard, qui de temps en temps se fraie un chemin parmi les plages instrumentales de Whalerider accentue cet effet d’abandon au monde terrestre pour rejoindre les éléments naturels. Ainsi sur « Reiputa », ou sur « Empty water », la voix de Gerrard posée et discrète renforce l’atmosphère planante et introspective de cet album.

Ainsi, Whalerider a été conçu comme une introspection, un rapport à la personnalité, à tout ce qui touche à l’intimité, à l’identification personnelle. Cette fragilité des rapports, cette recherche d’identité se révèlent être le moteur de chaque chanson, traitée comme un repli sur soi, une suite de moments magiques qui bercent la vie.

Dès le premier titre « Paikea legend », on entre dans un univers qui nous semble à la fois connu et mystérieux. Tout le long des quinze plages enchaînées de l’album, tel un cours d’eau, nous sommes emportés vers des lieux qui nous offrent leur beauté, leur secret, leur calme et leur tristesse.

L’eau, premier élément qui nous rattache à la vie, est ici déclinée sous différents types d’arrangements musicaux, entre notes de piano, guitare ou dans les traitements des cordes qui donnent un effet panoramique et angoissant. Car les vagues ne nous ramènent pas toujours vers le rivage, comme à l’image de cette complainte murmuré sur « Pai calls the whales » qui laisse présager un dénouement tragique développé (« They came to die »).

Partager entre conscience des difficultés à trouver sa propre identité, et le poids de la tradition maori, Lisa Gerrard a réalisé une bande-son où le mystique se mélange à l’intime. Travaillant sur les effets d’ambiance aérienne et aquatique, Whalerider revendique l’influence d’une mer à la fois attirante et inquiétante. Telle une sirène, Lisa Gerrard emporte l’auditeur comme une vague vers des horizons qui se révèlent autant envoûtant qu’intriguant.

– le site officiel de Lisa Gerrard