Secrètement gardée depuis près de trois ans, Merry Pierce est une agréable surprise qui nous vient des Pays-bas. Une invitation non pas vers les moulins à vent – comme on pourrait s’y attendre – mais plutôt vers ces espaces californiens tant chéries par Grandaddy.


Drôle d’idée que de dédier le nom de son groupe à une joueuse de tennis. Il faut dire que depuis le Blue Oyster Cult (trad : le culte de l’huître bleue), on aura vraiment tout vu et surtout tout entendu dans le domaine du rock. Pour le plaisir, on peut aussi se remémorer les pitoyables Ugly Kid Joe, ou plus récemment Black Rebel Motorcycle Club… mais je m’égare, tout ceci ne fait pas l’objet de notre attention aujourd’hui.

Derrière ce pseudo ridicule se cache donc une seule et unique tête pensante, Jarno Volman, jeune auteur-compositeur-homme à tout faire, originaire de l’Est des Pays-bas. Mieux vaut tard que jamais, saluons l’initiative de United Music Company d’entamer la distribution sur l’hexagone de son très prometteur premier méfait discographique, le bien nommé Beach, Blanket, Bingo (mais où va-t-il trouver des noms pareils?) publié en 2000.

Seul dans son bled, Jarno Volman bricole tout seul sur son quatre-piste depuis le début des années 90. Durant tout ce temps, le jeune homme n’est pas pressé de dévoiler ses trésors de composition et attendra gentiment que le vent souffle en sa faveur. Ce n’est qu’en 1996 qu’il se décide finalement à envoyer sa première démos au-delà du cercle d’intimes qu’il côtoie.

Ses premiers travaux attirent l’attention en Allemagne où il enchaînera quelques participations à des compilations regroupant des groupes indés du cru. Après une tournée sous le pseudo Volmanza, diminutif de son propre nom, notre jeune loup commence à se forger une certaine notoriété. Quelques sollicitations de labels plus tard, il signe chez la structure indépendante Jonagold records puis opte définitivement pour le pseudo Merry Pierce. La grande aventure peut enfin commencer.

Enregistré en grande partie à la maison, Beach, Blanket, Bingo démontre encore une fois que c’est avec les moyens du bord que l’on fait les meilleurs petits plats. Les influences sont assez évidentes dès la première écoute : il y a du Grandaddy, du Eels et du Sparklehorse première période… Bref, tous ces ermites un peu fous qui conçoivent une musique emprunt d’une mélancolie guère rassasiée. Pas besoin de vous faire un dessin pour comprendre que Jarno Volman ne tient pas ses racines musicales de l’autre pays du fromage, mais plutôt de l’oncle Sam, plus précisément vers des patelins perdus comme Modesto, où émerge parfois quelques monstres du songwriting que nous envions tant dans notre bonne vieille Europe.

Musicalement, si le bonhomme racle parfois un peu trop l’accent ricain pour un jeune blanc bec néerlandais, les compositions qu’il nous offre ici en pâture sont totalement délectables : guitares saturées le temps d’une envolée ravageuse, quelques synthés cheap et surtout une bonne dose d’inventivité, font de cet objet un pur délice lo-fi.

Bien souvent, on croirait entendre Jason Lytle des Grandaddy qui nous prêche la bonne parole mélodieuse : « Dream with Distorsions », « SFC » sonnent comme un hommage au groupe de Modesto dont certains titres n’auraient nullement fait tâche sur Under the western freeway. Arrivé en bout de parcours, une dernière déflagration – et pas des moindres – nous met d’accord sur l’avenir radieux de ce musicien : « Thing we were looking good » assis l’auditeur, ou plutôts le scotch sur place avec une mise en apesanteur direct qui nous prend de court. Assurément le plus gros hold-up entendu par un groupe qui ne s’appelle pas grandpapy.

Vous l’aurez compris, malgré les quelques influences trop évidentes, ce premier album mérite amplement l’attention des admirateurs du groupe de barbouzes de Modesto. Une agréable surprise qui on l’espère ne devrait pas s’arrêter sur un coup d’essai. On se tient au courant pour la suite.

-Le site officiel de Merry Pierce

– Un extrait real-audio de « Things were looking good »