Que toutes les petites frappes à blouson à clous rangent leurs mobilettes. Le Black Rebel Motorcycle Club est de retour pour mettre à feu et à sang vos platines. Take them on, on your own est l’album qui va hanter votre vie à un point que vous ne pourrez plus dire « stop ».
L’histoire de Black Rebel Motorcycle Club se confond avec celle du film L’équipée Sauvage (The Wild One), film de Laslo Benedek avec Marlon Brando et Lee Marvin, où une quarantaine d’adolescents revêtus de blousons de cuir marqués d’une tête de mort, prennent la route sur leurs motos et vont assiéger une ville jusqu’à la mettre complètement à sac. Du nom emprunté à la bande de motards de Marlon Brando jusqu’à l’attitude, Black Rebel Motorcycle Club affiche haut et fort l’étendard du rock bruitiste.
Petit retour historiques : les Black Rebel Motorcycle Club se sont formés en 1998 autour du trio composé de Peter Hayes (voix, guitare), Robert Turner (basse) et Nick Jago (batterie). Après avoir écumé les bars de Los Angeles et San Francisco sous le nom de The Elements, le groupe trouve sa voie dans une noisy pop aux influences psychédéliques entre Killing Joke, Suicide, et Cure. Une fois leur écriture maîtrisée, un look vestimentaire adopté, Virgin les signe sous le nouveau pseudonyme Black Rebel Motorcycle Club pour un premier album incendiaire aux guitares distordues et écorchées dans la veine Jesus & Mary Chain.
Leur deuxième album Take them on, on your own marque le retour du combo américain sur le devant de la scène alternative tout en maintenant le flambeau du rock à guitare, allumé il y a déjà quatre ans. Ici rien de très révolutionnaire par rapport au premier album si ce n’est dans la façon d’aborder les chansons avec plus de maturité et gravité (la pochette du disque illustre parfaitement l’ambiance musicale: un trou noir), la fougue restant intacte.
Alors que le tube « stop » renvoie au « Whatever Happened to My Rock’n Roll » du premier album, morceau dans lequel Peter Hayes déclarait sa foi au rock’n roll (« j’ai donné mon âme à une nouvelle religion »), la chanson « Six Barrel Shotgun » empruntent au punk son refrain explosif. Car BRMC pourrait se réclamer des racines punk tant leur jeu est nerveux et rapide. Pourtant, le trio ne joue pas dans la même catégorie que la plupart des groupes tombant dans les clichés du rock alternatif. Peter Hayes et sa bande a su créer son propre univers, un style identifiable, copié mais jamais égalé.
D’ailleurs, on n’entre pas dans leur univers par simple curiosité, il faut se donner la peine d’en faire le tour. Une fois à l’intérieur rien de très confortable mais une combinaison d’éléments propices à satisfaire notre intérêt. Les compositions sont noyées sous le poid pesant de l’électricité, composé de strates de feedback, et d’amplification.
Chez Black Rebel Motorcycle Club il n’y a pas d’attitudes rebelles de principe mais des interrogations. L’écriture se fait épineuse, n’hésitant pas à pointer du doigt la politique du gouvernement américain comme sur la chanson « US government » « Nous sommes ceux qui vous maintiennent à terre, réchauffent la terre avec nos armes autour ».
S’il y a poses alors elles ne sont dictées que par l’énergie emmagasinée et non par simple arrogance. Ils ont appris à composer avec l’essentiel, des mélodies transies portées par des guitares saturées. Les membres de BRMC se dissimulent derrière le côté sonique de leur musique afin de mieux occulter leur intimité. Et s’ils foncent têtes baissées dans les larsens c’est peut être simplement parce que le calme les effraie.
Alors pourquoi écouter le second album de BRMC? Parce que ce trio contrairement à d’autres groupes garages a du charisme, une identité derrière leurs guitares grinçantes et n’affichent pas de valeurs bourgeoises. Ils font partis de ces gens pour lesquels faire du rock est une force intérieure, un besoin spirituel, un mode d’expression.
Take them on, on your own tient l’auditeur sur le qui-vive, le maintient dans un état de tension et d’appréhension. La violence maîtrisée émanant des compositions se fait fiévreuse une fois les abysses du disque atteint. Black Rebel Motorcycle Club empile des briques noires pour construire un monde pluvieux, cru et fragile à la fois. Un rock qui se veut grave et pesant sans être prétentieux.
– Le site de [Black Rebel Motorcycle Club->http://www.blackrebelmotorcycleclub.com/
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