En cette période où le recyclage est de mise, The Fire Theft se dénotte du lot en venant ressusciter un genre -ambitieux- qui a connu son heure de gloire dans les années 70 : le rock progressif. Avec succès.


The Fire Theft est composé de trois ex-membres fondateurs du groupe Sunny Day Real Estate, groupe de la scène indie de Seattle, fort de quatre albums, dont Diary est la deuxième meilleure vente du label Sub Pop, après Bleach de Nirvana. Le groupe s’est disloqué en 2002 mais Goldsmith, le batteur, l’avait déjà quitté en 1995 pour rejoindre les Foo Fighters de Dave Grohl. C’est avec le guitariste Jeremy Enigk et le bassiste Nate Mendel que William Golsmith a décidé de continuer sa carrière artisitique.

The Fire Theft n’a rien à voir avec SDRE. Ou si peu… Le projet est ici bien plus ambitieux puisqu’il tente de créer de la musique correspondant autant aux ambiances d’un Pink Floyd que d’un Led Zeppelin, ou, en d’autres termes, qui essaie de marier le rock mélodieux des Beach Boys et la vivacité du hard ou du punk. Ça, c’est ce que déclarent à tue-tête les trois hurluberlus, vus de l’autre côté de l’Atlantique comme des incontournables du rock alternatif…

Le résultat est tout autre. On a véritablement l’impression de se trouver devant un groupe plus que nostalgique de Yes, le groupe qui représente le mieux, avec Genesis, le rock progressif, genre qui ne connaît plus le succès d’antan. Genre dont on a l’impression que tout a été dit. Genre qui fait tâche d’huile entre le rock garage et punk d’un côté et l’électro qui recycle de l’autre.

Et pourtant le résultat n’est pas déplaisant, et l’on se laisse bien vite prendre au jeu que nous proposent les trois vétérans du rock alternatif. Un jeu fait de rock, très souvent accompagné de violons, et qui fait irrémédiablement penser à l’époque révolue du rock progressif des années 70, bénéficiant toutefois de la clarté de production de 2003.

Dès le premier titre, « Uncle Mountain » , nous nous trouvons à l’écoute d’un groupe qui fait diablement penser à Pink Floyd et à son « Learning to Fly ». On démarre doucement, puis différents changements de rythmes viennent ponctuer la chanson, le tout enrobé des nappes d’une ribambelle de violons.

On sait que le rock et le classique peuvent se marier pour faire une combinaison gagnante, des groupes comme Metallica ou Deep Purple l’ont démontré avec succès. La différence est qu’ici l’idée est déjà présente à l’enregistrement premier en studio, et cela donne une dimension nouvelle au rock progressif, plus riche en lyrisme. Et on imagine qu’en concert, a contrario des groupes de hard suscités, c’est la méthode inverse qui doit se produire, à savoir une interprétation plus sauvage des titres, et donc plus rock.

Plusieurs titres bifurquent vers un Yes sous la houlette de Trevor Horn, notamment sur « Heaven » et « Summertime », avec ses caractéristiques mélodies à couper le souffle, interrompues par des cassures de rythme permettant à la batterie et aux guitares d’aller un peu -aussi- vers la distorsion et l’hymne à la joie rock. Des instrumentaux plus agressifs, comme « Backward Blues » et « Rubber Bands, viennent nous rappeler le passé des membres du groupe, et surtout nous montrer qu’ils savent y faire. Une bonne friandise en fin de compte.

A noter que « Waste Time Segue » est la mélodie d’une musique de film, superbe, mais je n’arrive pas à savoir lequel. Si quelqu’un a une idée…

-Le site de The Fire Theft