Neuf ans (déjà!) après sa parution confidentielle, le premier album de sparklehorse a indéniablement influencé le paysage du rock indépendant au milieu des années 90 et compte toujours une armé de fidèles, dont Radiohead, Wilco et une grande partie de la scène country alternative US… Malgré son nom imprononçable, Vivadixies… continue de marquer les esprits, et ce n’est que pure justice.
J’ai connu Sparklehorse en 1998/99 grâce à un reportage (assez long je dois dire) qui tentait, avec force et détails, de tirer le portrait de Mark Linkous. Un bonhomme atypique qui, malgré un grave accident (Il mélangera du valium à un antidépresseur qui le rendront boiteux à vie…), mène une vie enviable à souhait.
Le bonhomme en question ne ressemble pas à grand chose : la gueule de traviole, un débit de paroles digne d’une neuneu de foire aux bestiaux, il habite avec sa femme une ferme, au fin fond de l’Amérique profonde (près de Richmond), où entre ses poules, ses chiens et son pick-up et sa moto il enregistre paisiblement des morceaux, et là, sans crier gare, l’émotion fait irruption.
Les moments où, telle une bande de vieux potes (il est entouré de Scott Minor, Paul Watson et Scott Fitzsimmons) ils enregistrent les morceaux et donnent des concerts dans des petits bars des alentours de Richmond sont des purs moments de bonheur rock’n roll. De surréalisme aussi (voir la pochette et le titre du disque), et c’est la première chose qui frappe chez cet américain : son côté tellement ‘européen’.
Vivadixiesubmarinetransmissionplot a été enregistré avant l’expérience traumatisante de son accident. C’était avant le succès du suivant, Good Morning Spider et surtout (commercialement parlant) It’s a Wonderfull Life qui compte les collaborations de Tom Waits ou de PJ Harvey.
l’album débute par une très belle ballade, toute en mélancolie, « Homecoming Queen », où Mark va jusqu’à chuchoter, comme au bord d’une crise de larmes, le refrain final. Puis, c’est tout l’univers de Sparklehorse qui s’offre à nous, une sorte de rock qui emprunte ce qu’il y a de meilleur dans le folk et la country. Un talent évident pour les mélodies se fait sentir sur cet album. On sent surtout que Mark Linkous a de la bouteille, des choses à raconter, des choses ressenties, et qu’il a besoin de les exprimer. On voit tout de suite la brèche qu’il ouvre ici, avec son ami Vic Chesnutt à des groupes comme Grandaddy d’un côté de l’Atlantique, et Badly Drawn Boy ou dEUS de l’autre. (liste non-exhaustive)
Je regrette parfois que des titres comme « Tears from fresh fruit » et le simple « Someday I Will Treat You Good » ne soient pas plus nombreux, car il montre ici un talent certain pour une nouvelle forme de noise rock, où les guitares vous emportent littéralement. Très efficace. Mais c’est peut-être aussi leur rareté qui en fait leur grande valeur, allez savoir…
D’autres ballades, comme « Spirit Ditch », outre qu’elles témoignent du goût qu’il a pour les sonorités poussiéreuses et expérimentales (« Little Bastard Choo Choo »), comme un Howe Gelb, sont vraiment poignantes et dénotent une sensibilité à fleur de peau rarement appréciable dans le monde du rock. « Saturday » ou le très country « Cow » (7 minutes!) sont du même acabit : superbes. Surtout que comme pour Howe Gelb, elles démontrent la richesse individuelle de la palette artisitique de Mark. C’est le genre de titres qu’il écrit tout seul, dans son ranch, et la quiétude transparaît dans sa voix.
Après deux albums coup de maître, je fut par contre extrêmement déçu par la platitude du dernier, It’s a wonderfull Life, alors que rien que le titre faisait espérer ce qu’il y a de mieux. Cet avis est d’ailleurs similaire pour Grandaddy et Badly Drawn Boy. Les maîtres de l’indie-rock semblent tous avoir perdu de leur flamboyance en cours de route, contrairement à dEUS qui lui s’améliore d’album en album…
-Tracklisting:
1. Homecoming queen / 2. Weird sisters / 3. 850 double pumper holley / 4. Rainmaker / 5. Spirit ditch / 6. Tears on fresh fruit / 7. Saturday / 8. Cow / 9. Little bastard choo choo / 10. Hammering the cramps / 11. Most beautiful widow in town / 12. Heart of darkness / 13. Ballad of a cold lost marble / 14. Someday i will traet you good / 15. Sad & beautiful world / 16. Gasoline horseys