En vrac : Jens Lekman, Clem Snide, The Shins, Ratatat, The Gin Palace, Silver Mt Zion, Billy Mahonie, The Broken Family Band, The Hells…
JENS LEKMAN, MAPLE LEAVES/ ROCKY DENNIS EP
Attention les crooners sont de retour ! Ceux qui ne se sont jamais consolés du virage ténor du cockney Neil Hannon après Liberation doivent absolument se jeter sur les deux sublimes EP de Jens Lekman, Maple Leaves et Rocky Dennis. Cette poignée de splendeurs venu du Nord est l’oeuvre d’un jeune Suédois (22 ans !) qui a visiblement été biberonné dès son plus jeune âge avec les galettes de Scott Walker et Harry Nilsson et tous ses fabuleux groupes psychédéliques 60’s.
Le résultat, vous devez-vous en douter, aboutit une pop très orchestrale et grandiloquente.
Le premier EP, Maple Leave notre préféré, empile les pop-songs parfaites tandis que le second, Rocky Dennis se veut plus introspectif mais vaut largement le détour aussi. Entre tourbillons de cordes psychédéliques et roucoulements désolés, la chanson-titre « Maple Leave », laisserait entendre un standard pop psychédélique revisité par le beat de DJ Shadow. Et que dire de « Black Cab » sublime ballade qui prend à contre-pied avec ses accents lo-fi et rappelle le meilleur de Stephen Jones, aka Babybird (le bonhomme prétend d’ailleurs avoir déjà enregistré une centaine de chansons dans son coin). Très vite, cette voix de crooner céleste se révèle diablement additive et laisse supposer de grands lendemains à l’horizon pour un album prévu à la mi-2004.
Tracklisting : Rocky Dennis EP
Maple Leaves EP
Maple Leaves, Sky Phenomenon, Black Cab
Someone to Share My Life With
Rocky Dennis Farewellsong To The Blind Girl, Rocky Dennis In Heaven, Jens Lekman’s Farewellsong to Rocky Dennis,
If You Ever Need A Stranger
Le site de Jens Lekman
THE SHINS, SO SAYS I (Sub Pop/Chronowax)
Les fans de la bande à James Mercer doivent prendre leur mal en patience : les Shins ne sont pas du genre à distribuer des inédits à tout va. Leurs faces B sont très rares, mais jamais anecdotiques. En soutient du revigorant « So Says I », ces artisans de la pop avec un grand « P », nous offrent un seul véritable inédit, mais quel tour de force ! « Mild Child » est une composition folk crépusculaire, certainement écarté de Chutes too Narrow pour son aspect plus déprimé. La chanson n’en demeure pas moins une promenade frissonnante et crépusculaire qui nous conforte dans l’esprit que ces dignes rejetons de la power pop ne peuvent pas écrire une seule chanson médiocre. A noter, une démos boisé du « Gone For Good » qui n’a rien a envier non plus à celle définitive.
Tracklisting : 1. So Says I 2. Mild Child 3. Gone For Good (Alternate Version)
THEE SILVER MOUNTAIN REVERIES plays « Pretty little lightning Paw » EP (Constellation)
Les fans de Silver Mt Zion… peuvent sourire avec l’arrivée du printemps (hum, hum, tout compte fait il ne doit pas y en avoir beaucoup…), car le Pretty Little lightning Paw EP, uniquement disponible jusqu’ici durant les concerts de l’hiver 2004, est enfin disponible. Toujours agrémenté d’un sublime digipack fait maison, ce EP 4 titres (enfin, 30 minutes de musique tout de même !) contient des inédits d’une intensité rare qui renoue avec les premiers enregistrements.
« More action! Less Tears! » est d’une beauté subjuguante : des sirènes de guitares noisy s’entrecroisent avec des violons magistraux sur un rythme exalté. On conseillera l’achat du EP rien que pour cette pièce maîtresse de cinq minutes où se concentre tout le savoir-faire de la plus belle étoile noire du rock. Au menu également, deux messes crépusculaires s’étirant sur près de dix minutes auront fini de vous glacer le sang.
Tracklisting :
1 More Action ! Less Tears! 2 Microphones in the Trees 3 Pretty Little Lightning Paw 4 There’s a river in the valley made of melting Snow
RATATAT, 17 YEARS (XL recordings)
L’année dernière, LCD Soundsystem avait mis tout le monde d’accord avec le sautillant « Losing My Edge ». Cette année, New York dancera sur les guitares destroy de Raratat. Avec « Seventeen Years », Mike Stroud et E*vax ont commis un single imparable construit sur des guitares robotisées et un sens de la mélodie irrésistiblement kitch. On ne sait pas grand chose de ces Ex-Cherry reconvertis Ratatat (en hommage aux roulements de tambours ?) si ce n’est une première partie chez les élégants Interpol. Histoire d’enfoncer le clou sur la face B du 12″, « Breaking Away » ralentit le tempo et louche sur du Mike Oldfield qui rencontre Kraftwerk. Déroutant, irrésistible et envoutant, on en compltèment ressort rattatiné!
Tracklisting : Seventeen Years, Breaking Away
Un p’tit extrait là pour prouver qu’on est de bonne foi
THE HELLS EP (Artrocker/Chronowax)
Un gars et une fille pas commodes posent sur une pochette rouge/noir… Une chose est sûr, ces rockers là n’ont pas peur de prendre le train en marche et ne craignent pas non plus les comparaisons faciles avec un certain duo mixte qui remplit désormais le Zénith. Forcément, on n’a rien se reprocher lorsque le matériel présenté ici est aussi bon. The Hells (quel nom parfait, bon dieu fallait y penser !) ne vous trompe pas sur la marchandise : du garage rock noisy qui fonce toujours dans le rouge et défonce tous les barrages. Et pas de mauvaise surprise non plus : Iggy, les Sonics et les Cramps (un gars, une fille forcément) ont formé un feu de camps pour danser à la gloire du dieux voodoo rock. Quatorze minutes de fracas rock n’roll concentré dans ce EP 6 titres, calculez par vous-même : environ 2 minutes par morceau, juste le temps d’aller à l’essentiel.
Tracklisting : Time Killer / Do What I Should / Sensation / Daddy’s Soul Doughnut / Leading Me On / He’s The Devil (But I Love Him So)
-Le site de The Hells
The GIN PALACE, Kill-grief (Artrocker/Chronowax)
Sale temps pour les bassistes puisqu’ici aussi à l’instar de The Hells, avec qui The Gin Palace partage le même label londonien Artrocker, on s’en passe très bien. Par contre contrairement aux Hells, le rock chez Gin Palace se conjugue avec un son crade.
Sept chansons en dix minutes, pas le temps de respirer le propos est brûlant. Meagan chante avec toute l’énergie que lui a dôté son corps de punkette. Les guitares ne sont plus martyrisées avec des gros doigts plein de cambouis mais des doigts agiles, une musique enfin débarassée de vilains tics qui entourent trop souvent les descentes de manche dégoulinantes. N’en déplaise à certains, le rock n’est jamais paru aussi mordant et incisif que chanté par des femmes.
Tracklisting: Too much for you / Cool like an axe / Black&white / You want it / « Lady » / Frantic / Fragment.
-Le site de The Gin Palace
The BROKEN FAMILY BAND, Jesus songs (Throat to the stars/Chronowax)
Un groupe qui remercie à la fois Herman Dune, Kim Fowley et Chris T-T ne peut être foncièrement mauvais. Pour ceux qui ne se souviendraient pas de cette petite bande, on rappellera qu’elle fait partie de la famille Snowstorm, label qui force le respect par le vivier actif d’artistes qui ont su redonner ses lettres de noblesse au folk.
Ainsi, The Broken Family Band reviennent sur le terrain de l’actualité avec cet ep composé de chansons autour du messie. Loin des discours cul-bénits, les titres écrits par Steven Adams entrent dans la tradition des musiques folk et blues qui traitent toutes plus ou moins de la rédemption, d’un sauveur universel, du tribut au seigneur. Même s’il est question de foi dans les chansons de ce Jesus songs, rien ne nous oblige à l’écouter religieusement, la conversion n’étant pas à l’ordre du jour. Toutefois, il serait dommage de passer à côté de ce folk à la richesse des arrangements. Et puis ce n’est pas non plus la B.O du film de Mel Gibson.
Tracklisting: Walking back to Jesus part one / Mother O’Jesus / The king of carrot flowers part two&three / Walking back to Jesus part two / Poor little thing / Kissing in the rain / Walking back to Jesus part three.
-Le site de The Broken Family Band
CLEM SNIDE, A beautiful ep (Fargo/Night&Day)
Imaginez un instant les grands espaces entre montagnes rocheuses et plaines arides à perte de vue. Puis, une voiture longue et confortable comme on n’en voit dans certains pays, roule au ralenti malgré la puissance du moteur. La fenêtre du conducteur ouverte pour laisser l’air s’engouffrer jusque dans le cuir des sièges, Clem Snide au volant nous emmène pour une promenade qui par moment se veut aussi bien reposante que surprenante mais toujours galvanisante.
Les américains nous entraînent sur des terrains accidentés où le calme est chassé subitement par une vague électrique de guitares rugissantes ou de cuivres sortis tout droit d’un big band. Sept titres qui revisitent les Buzzcocks, Lynyrd Skynird en plus gonflés et sexy comme à l’image du « Beautiful » emprunté à Christina Aguilera qui devient excitant entre les doigts de Clem Snide. On ne veut surtout pas savoir s’ils ont été plus loin.
Tracklisting: There is nothing / Happy birthday / Beautiful / Sometimes I feel like a motherless child / Why can’t I touch it / Mike Kalinsky / Simple man.
-Le site de Clem Snide
BILLY MAHONIE, Dust (Tritone/Chronowax)
Sur la pochette de Dust, de hauts sapins pointent vers un ciel gris menaçant. Pour approfondir l’effet angoissant l’image est floue. La musique de Mahonie s’inscrit bien dans cet univers à la fois tranquille et présageant d’un chaos à venir.
Sur « No blood for dust » une flûte berce la mélodie rythmée par quelques roulements de tambours jusqu’à ce que la respiration se fasse de plus en plus difficile et que tout explose pour revenir une fois la tempête passée à un calme toutefois chargée en électricité. Le climat est peu rassurant, les guitares prêtes à éclater à tout moment (« Red crow »). Même après une « berceuse » comme celle de « Lullaby » le sommeil reste dur à trouver. Chez Billy Mahonie, le marchand de sable fait peur aux enfants.
Tracklisting: We totally almost died / (No blood for) dust / Semapho / Red crow / Lullaby.
-Le site de Billy Mahonie