Des arpèges lancinants dominé par une voix déchirante, les vétérans de For Against manient avec panache une pop magique et désolée qui touche l’auditeur droit au coeur.


Même si la dream pop a connu son heure de gloire il y a déjà de cela une bonne dizaine d’années avec pour figure de proue les défunts Mazzy Star, une poignée de groupes s’évertuent à perpétrer ses ambiances lancinantes et romantiques au bord de l’hypnose et à grands coups de guitares pluvieuses (Fiel Garvie, Trespassers williams, Azure Ray). For Against, trio américain basé à Lincoln dans le Nebraska n’a jamais dévié de cette trajectoire et peut se targuer de ne pas avoir pris le train en marche.

En activité depuis 1985, ces vétérans franchement méconnus dans note giron, malgré la beauté intrinsèque de leur musique, sont auteurs de six albums tout bonnement hors du temps. Le trio (guitare/basse/batterie) a perduré a perduré au fil des années mais a ralenti la cadence : Coalesced, sorti aux Etats Unis en 2002 et distribué maintenant en France brise un silence discographique qui durait depuis 1997. Rajoutons que nos musiciens sont plutôt sédentaires et tournent peu voire pas du tout, vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que ce groupe ne vous dit rien, hormis peut-être pour les fanatiques d’arpèges portant la marque des années 80. Finalement, le seul reproche qu’on peut faire à ce trio, c’est de ne pas être né du bon côté de l’océan Atlantique aux côtés de Felt, The Smiths et Cocteau Twins

Revers de médaille ou aléas du destin, For Against rentre donc dans la catégorie de ses groupes injustement sous estimés et méconnus comme The Wrens et The Bats, qui ont eu leur période d’activisme mais qui continuent désormais à leur rythme. Délivrés de tout calendrier contraignant, le temps n’a désormais plus aucune emprise sur eux. Musicalement en marge des canons esthétiques actuels, on pourrait peut-être les rapprocher des séduisants The Tyde, qui semblent avoir les même centres d’intérêts musicaux.

Coalesced met donc un terme à cinq années de silence discographique, une pause qui devrait donc laisser amplement de quoi se régénérer artistiquement et quantitativement parlant. Pourtant, le sixième album ne propose que sept titres seulement (soit une moyenne de productivité d’un morceau par an), mais aucun déchet à l’horizon. Produit par Mike Mogis (Arab Strap, Azure Ray, Bright Eyes, Cursive), Coalesced envoûte dès les premiers accords plaintifs de « Medication » où la voix plaintive de Jeffrey Runnings brille de mille feux, portés sur des tempos ralentis. Toute la singularité du groupe repose d’ailleurs sur ces deux éléments : le grain sensible si particulier de Runnings (très proche d’Alex Chilton), et les guitares ultra-mélodiques de Steven Hinrichs, noyé autour d’une reverb abondante.

A travers les sommets « Outside a Heart » et « Coalesced », For Against possède un talent indéniable pour trousser une succession de sentiments troublants à la limite du flamboyant, mais sans jamais tomber dans le pompeux de mauvais goût. Le spleen est toujours superbe et c’est un véritable plaisir que d’entendre, exécuté avec brio, cette palette sonore très connotée eighties que l’on retrouvait autrefois chez les défunts Cocteaux Twins, Felt mais aussi les Chameleons (l’instrumental « Love You »).

Heaven or las Vegas, Reading Writing and Arithmetic, Strange Times, Forever Breathes the Lonely Word… si ces chef-d’oeuvres là signifient beaucoup pour vous, ruez-vous sans attendre sur ce disque magnifique.

Le site de For Against

-Un titre génial en écoute, (« Coalesced« )

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The Tyde
The Innocence Mission
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