Le pape de la scène dite néo-folk psyché publie un troisième album de recueil de chansons folk avinées et solitaires. Huit chansons à la beauté noire captivante.


Complètement inconnu en France, Ben Chasny, l’homme qui se cache derrière le nom Six Organs of Admittance, s’inscrit pourtant parmi les quelques artistes américains les plus influents actuellement sur la scène rock underground US. Pionnier du genre, il a ouvert la brèche à bien des groupes de cette mouvance néo-psyché-folk qu’entretiennent depuis peu des labels comme Alien 8, Holy Mountain, ou Secretly Canadian…

Dès 1997, ce californien bricolait déjà seul sur son quatre pistes quelques thèmes psychédéliques d’une singularité envoûtante, construisant des pièces folk dignes des maîtres Bert Jansch et Van Morrisson. Il faut dire que ce solitaire insaisissable est un guitariste doué, capable d’insuffler un caractère sombre et paranoïaque à ses compositions accompagné d’une force assez évocatrice. Si Six Organs est avant tout le projet de Ben Chasny, divers musiciens « intermittents » ont affiné au fil du temps la palette musicale du projet, avec notamment l’apport des réguliers Ben Miller, maître du sitar sonique chez Comets on Fire, ici présent ou Jesse Poe (Tanakh).

Dark Noontyde, le disque précédent, partait loin, très loin vers des expérimentations atmosphériques instrumentales qui nous donnaient un arrière goût de ce que pourrait donner une expérience chamanique : guitare douze-cordes et sitar crépusculaire, percussions tribales, solos de guitare électrique épileptiques, sans oublier arrière fond de bruit blanc, s’associaient pour donner une étrange mixture qui n’en demeure pas moins hypnotique et menaçante.

Compathia, troisième album du nom, est un disque plus accessible. Enfin, accessible tout est relatif… disons que TOUS les morceaux sont chantés, à l’inverse des livraisons précédentes. Peut-être est-ce dû à cette jolie damoiselle que l’on perçoit dans le livret, allongée derrière Chasny, qui lui aurait peut-être donné l’envie de lui composer quelques ritournelles bleuettes, à sa manière.
Bon, pour les love songs, on repassera, car si la musique de ce jeune homme semble visiblement moins perturbée à première écoute, Chasny n’a pourtant jamais semblé aussi seul que sur ce disque. Cette musique donne l’impression d’avoir été écrite vers trois heures du matin, au plus noir de la nuit. D’ailleurs, sur les notes de crédit est inscrite la mention suivante : « Cette musique est dédiée à ceux qui ont des problèmes de sommeil la nuit, pour n’importe quelle raison ». Tout est dit à ce moment-là.

« Close to the sky » est une sorte de blues folk où la voix de Chasny (assez prôche du Marc Bolan de Tyrannosaurus Rex) flotte sur un riff de guitare répétitif mystérieux et la plupart des chansons sont construites de cette manière et agrémentées d’un sitar hypnotique et des arpèges de guitare folk à la fois orientaux et celtiques. Chaque chanson dégage une singularité tout bonnement envoûtante. Quelques fois, la formule fait même de bien belles étincelles comme sur le très baroque « Wind in My Palm », ou sur la pièce montée de 10 minutes « Only The Sun Knows » qui transporte l’auditeur vers une expérience franchement noire et perturbée.

Musicien prolifique et insaisissable, Ben chasny a toujours eu un tour d’avance sur tout le monde: Depuis Compathia, le californien a déjà publié sur le coup 2 Eps à quantité ultra limitée (500 ex) et qualifiés d’extraordinaires selon les dires de quelques veinards qui sont parvenus à mettre le grappin dessus. Un artiste qui gagne à être connu.

-Le site officiel