Sous les palmiers, les feuilles mortes. Derrière le pseudo d’Iron & Wine, le folk singer Sam Beam nous avait bouleversé en 2002 avec un premier album enregistré avec les moyens du bord, l’indispensable The Creek Drank The Cradle. Confiné dans sa chambre, ce résident de Miami concoctait des mélodies timides dignes de Belle & Sebastian, mais enveloppées sur l’écorce solide d’un Nick Drake et des Red House Painters. Enseignant dans une école de cinéma de Floride, il nous revient ce mois-ci avec Our Endless Numbered Days, un second album plus ambitieux où ses arpèges de guitare folk prennent une ampleur encore insoupçonnée.
Après quelques réticences par mail interposé, l’un des rares barbus de l’état de Floride s’est finalement et gentiment prêté à répondre à nos questions par E-mail.


Pinkushion : Tout d’abord, pourrais-tu nous dire d’où provient ce nom : Iron & Wine (du fer et du vin)?

Sam : Cela provient d’un remède de grand-mère : l’huile de castor appelée « beef, iron & wine ». C’est un supplément protéiné qui semble dégoutant mais je trouvais la combinaison linguistique intéressante…

Comment décrirais-tu ta musique à un néophyte?

Comme un folk country rock indie blues -calme- axé sur les paroles ?

The Creek Drank The Cradle fut enregistré sur un enregistreur quatre pistes. Pour ce deuxième album, vous avez investis les studios avec Brian Deck. Ce fut donc ta première expérience en studio. Qu’en as-tu retiré?

C’était une super expérience, car chacun y était avenant et de bon conseil. J’y ai appris énormément. La seule chose qui m’a déplu ce sont les limites qu’on t’impose au niveau du temps. C’était quelque chose à laquelle je n’avais jamais été confronté quand j’enregistrais chez moi…

Avais-tu une idée précise de comment devait sonner l’album avant de l’enregistrer? Si oui, as-tu atteint tes objectifs? Es-tu satisfait du résultat?

Je suis très content de la manière dont tout s’est déroulé. J’avais déjà enregistré les chansons chez moi avant d’entrer en studio, il n’y avait donc pas d’effet de surprise à ce niveau-là. Nous nous sommes bien amusés à changer certaines instrumentations par rapport aux originaux. Par exemple, de la slide guitar a été remplacée par du piano, des choses comme ça.

Le fait d’avoir introduit une batterie sur certaines chansons a-t-il modifié ta façon de les écrire?

Un peu oui, ça a étendu les dynamiques que je peux créer dans un titre. C’est une nouvelle opportunité d’injecter plus de variété.

Passer du Lo-fi au Hi-Fi ne t’a-t-il pas fait craindre de perdre un peu de ce charme qui caractérisait The Creek Drank The Cradle?

Non, pas vraiment. Je savais que je voulais faire une rupture d’avec ce que je faisais auparavant afin que le public ne soit pas toujours en attente de cet aspect ‘fait maison’.

Comment te vient l’inspiration ? Tes chansons découlent-elles d’un état d’esprit particulier ou bien d’événements particuliers ?

Cela dépend de la chanson, vraiment… certaines sont définitivement développées à travers une longue période de temps alors que d’autres sont assez spontanées.

Ta musique semble tellement pure en contraste avec l’endroit où tu vis (Miami). Passe-tu tes week-ends à la campagne ?

Je ne suis pas sûr que ce soit juste d’appeler Miami « impure ». La culture de la plage est assez matérielle et décadente, mais elle est confinée à une petite minorité de gens ici, alors c’est assez facile de s’en écarter.

Qu’est-ce que tu préféres : enseigner ou chanter ?

J’aime enseigner, mais je joue de la musique parce que je le veux, et non parce que j’ai besoin de payer le loyer.

Quelle est la pire des contraintes lorsqu’on est musicien ?

Etre loin de la maison, mes enfants me manquent.

Tu as magnifiquement repris une chanson du Postal Service l’année dernière. Reprends-tu d’autres artistes ?

Howlin’ Wolf, The Flaming Lips, Four Tops, Stereolab, the Marshall Tucker Band…

Que voudrais-tu que les gens retiennent de ta musique lorsque tu ne seras plus de ce monde ?

Honnêtement, je ne pense pas vraiment à ce genre de chose. J’espère qu’ils l’apprécient…

Et maintenant, parlons un peu de tes centres d’intérêts. Peux-tu nous lister tes bouquins et films préférés.

Désolé, je n’ai pas vraiment de livre préféré, de film… ni même de couleur qui compte…

Qu’écoutes-tu en ce moment ?

TV on the Radio, Gillian welch, Wire, Rokia Traore, Michael Yonkers, Mingus… Beaucoup de choses…

Un disque cruellement surestimé :

Je ne suis pas sûr…

Le genre de musique que tu détestes :

Je ne pourrai pas vraiment dire que je déteste un certain type de musique, mais il y a définitivement des choses que je choisis de ne pas écouter… Disons que dernièrement, je n’ai pas vraiment souffert de ne pas entendre du Michael Bolton. Mais encore une fois, ces gars ont une voie vraiment distinctive.

Tes 5 albums préférés de tous les temps :

Je ne sais pas, c’est le genre de question idiote pour quelqu’un qui aime la musique autant que je l’aime.

Iron & Wine, Our Endless Numbered Days (Sub Pop/ Chronowax)

Iron & Wine – The Creek Drank the Craddle

-Le site officiel

Merci à Tontino pour la transcription illico presto!