Un nouveau disque garage, par les temps qui courent… Que va t-on pouvoir dire de plus ? Faire comme ces magazines anglais, utiliser des superlatifs toujours plus longs et délirants ? Pas forcément, parce qu’à l’écoute de celui-ci, vous allez voir qu’il y a effectivement le garage, le vrai, et le reste.
Wow ! Ça c’est une intro qui brouille les pistes ! L’espace d’une poignée de secondes, on a l’impression de retrouver ces bonnes vieilles guitares floydiennes. Mais c’est de courte durée, car la grosse caisse, couplée d’une bonne basse, vient nous écorcher les oreilles, accélérant progressivement le rythme pour déboucher sur un bon morceau de garage bien carré. Joe Cardamone, le chanteur, se prend pour l’iguane, on sent carrément que les Stooges ont influencé nos gaillards : cela s’entend sur un peu tous les morceaux. Mais avant de développer tout ce cirque rock n’roll, revenons un peu en arrière…
D’après ce qu’on peut en lire sur la bio officielle, ces cinq gars ont la rock and roll attitude jusqu’au bout des ongles : sexe, drogues et provocations en tous genres sont leur lot quotidien en tournée. On peut par exemple y lire qu’ils ont passé leur adolescence dans un van pourri, à écumer des bleds qui l’étaient tout autant, et en y jouant un rock qui s’en rapprochait grandement. Mais c’est en galérant que l’on devient de vrais rockeurs, et c’est avec la force du poignet qu’ils ont réussi à se faire une place sur des scènes un peu moins bouseuses. Après un premier album autoproduit, Mono, et un sillonage de long en large des US dans leur van, ils commencent à faire la première partie de groupes de renommée mondiale tels que les Yeah Yeah Yeahs, les Queens Of The Stone Age ou encore A Perfect Circle.
Ils en profitent alors pour faire un ménage de printemps, en envoyant balader leur manager, leur avocat et leur section rythmique d’un seul coup et se font enfin remarquer par un « vrai » label, V2, qui leur laisse la possibilité de gérer eux-mêmes l’enregistrement de leur belle galette, Penance Soirée.
Faire la chronique d’un tel album n’est pas chose aisée. S’il est excellent d’un bout à l’autre, il n’empêche que chacun des morceaux fait penser à une pléthore de groupes cultissimes, mais sans qu’il soit possible de les citer avec précision. Alors, disons qu’en vrac, on pense la plupart du temps aux Stooges (leur influence est palpable sur quasiment tous les morceaux), à Led Zeppelin, mais aussi au Velvet Underground. Bref, que cela n’arrête pas ceux qui pensent « qu’un groupe aux influences trop ouvertement citées est un mauvais groupe ». C’est souvent vrai, mais avec The Icarus Line, ce n’est pas le cas. Des albums comme celui-ci, vous n’en aurez pas douze cette année : ça faisait bien longtemps qu’on n’avait pas entendu une telle débauche d’énergie brute, et ça fait toujours plaisir.
Penance Soirée est un champ truffé de mines, d’explosions sonores qui rugissent tout au long de l’album. Pas un instant de répit, pas une minute à jeter : ils font du garage et ils y croient, et donc forcément, le résultat est plus qu’à la hauteur. On tient finalement un groupe valable, qui peut clamer haut et fort qu’il n’est pas qu’une pâle copie de Led Zeppelin ou des Stooges. Car il y a un petit plus qui fait la différence : le chanteur, qui a une sacrée bonne voix, d’un style qu’on n’avait pas entendu depuis longtemps. C’est noir, carré, moite, sexy, Joe Cardamone chante à merveille, nous fait penser à nombre de groupes qu’on a aimé… Bref, c’est un excellent disque, alors pourquoi s’en priver ?
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