The Soundings est un album de pop enchanteresque, une prouesse sonore, un déluge de sentiments qui vous prend par la gorge et ne s’extirpe plus de votre subconscient.
Cet album est miraculeux. Mais autant le dire d’entrée, on n’avait jusqu’à présent, jamais posé une écoute sur les albums de Blue States. A fortiori, on s’est également laissé entendre dire par des oreilles avisées que c’était mieux ainsi. Foncièrement, devant un tel étendard d’excellence, les autres disques de ce groupe anglais ne doivent pas être mauvais. Oui mais voilà, l’histoire de Blue Stars est un éternel recommencement…
Déjà auteur de deux disques – dont le précédent Man Mountain était sous licence XL recordings – Blue States est la progéniture d’Andy Dragazis, musicien et producteur accompli, basé dans le Sussex, également remixeur prisé (Badly Drawn Boy et Hefner).
Au départ, Blues States était le projet solo de Dragazis, un jardin secret où il cultivait des mélodies encore timides. De ses pérégrinations résulteront un premier album solo essentiellement instrumental, à mi-chemin entre Bent et Ennio Morricone. Peu de temps après, le solitaire redéfinit les lois de son espace créatif en élargissant son terrain de jeux avec d’autres musiciens, dont une chanteuse. Il en découlera un second album plus impressionnant et taillé pour ouvrir son auditoire.
Atteint d’instabilité créative chronique, Dragazis détruit – à la surprise générale – encore une fois son château de cartes, réduisant les Etats Bleus à un simple trio. Il déménage enfin à Londres et compose avec son nouveau compagnon Chris Carr (guitare) de nouvelles chansons à la sensibilité plus pop.
A première vue, ce parcours tumultueux rappelle en bien des points celui d’Archive. Outre ce même soucis d’allier sonorités modernes avec une certaine tradition psychédélique, les deux groupes britanniques affichent également une volonté identique de tout reconstruire sur de nouvelles bases… peut-être par souci de régénération artistique.
Robert Smith avait conçu Disintegration comme un voyage inspiré de ses rêves. Il semble que Blue States ait emprunté la même démarche avec The Soundings, oeuvre bucolique et ambitieuse, à la richesse inouïe. C’est un véritable dédale d’émotions qui s’offre à nous.
Réparti entre compositions à la sensibilité pop et instrumentaux en forme de péplum, le troisième album de l’étoile bleue affiche une volonté de sonner majestueux. Depuis le disque posthume de Moose, on n’avait pas entendu un tel faible pour la surenchère de mélodies et d’arrangements : des trompettes dignes des Pale Fontains se mélangent à des claviers athmosphériques et autres ensembles à cordes. Souvent, des guitares psychédéliques croisent le fer avec les BO d’Ennio Morricone dans un tourbillon de sentiments troubles.
Au milieu de ce festival de couleurs, le renversant « For a lifetime » concourt d’entrée pour la mélodie la plus percutante de l’année ! Un véritable petit miracle pop. Dans le même sillon, « The Last Blast » et « Alright Today » rappellent les ballades parfaites que pouvait nous asséner Babybird. « Leaning in » et « Output », réminiscence des premiers amours du génial Dragazis, sont des instrumentaux à la beauté profonde, comme enfuis au fin fond d’un rêve dont ne voudrait jamais émerger.
Il y a quelque chose de grand dans cette musique. Quelque chose de majestueux et féerique, qui vous renvoit à des souvenirs que l’on pensait enfuis. Blue States semble avoir trouvé sa véritable vitesse de croisière, et nous embarque pour un long chemin, qui s’avère d’ores et déjà passionnant.
-Le site officiel de Blue States
-Le site de Memphis Industries