Derrière un pseudo faisant penser à ceux du hip hop, Baby Dayliner joue pourtant de la pop. Avec des synthés vintage, ce jeune new-yorkais de 28 ans recrée l’ambiance des années 80. Sous le charme, on plonge avec lui.
Sur la face arrière de la pochette de l’album High heart & Lowe state, on voit un jeune homme assis devant un piano faisant mine, l’air hagard, les yeux dans le vide, de jouer du piano. Avant d’écouter le disque, on se dit qu’on tient là un nouveau dandy céleste perdu dans des pensées romantiques à la Rufus Wainwright. Ce n’est pas que pour nous déplaire mais cette entrée en matière est loin de nous emballer. Puis, on découvre que derrière ce beau gosse de vingt huit ans se cache un new-yorkais du nom de Ethan Marunas alias Baby Dayliner (pseudo emprunté à un disque de Big Daddy Kane) qui a fait ses armes en produisant et mixant l’album Music by cavelight de son ami d’enfance Blockhead, puis Party fun action committee de Def Jux.
High heart & Lowe state n’est pourtant pas à ranger du côté de l’activisme hip hop mais bien dans le rayon pop. D’ailleurs, nous ne sommes pas étonnés d’apprendre que Baby Dayliner se sent proche des univers musicaux de Johnny Cash, Daft Punk, Stephin Merritt ou New Order. Déjà sur sa première production, With Keys and Strings, réalisé avec Mike (Dub-L), il empruntait des parties d’accords au registre des Magnetic Fields, le tout chanté avec une voix entre Ian Curtis et Jay Jay Johanson.
Les deux lascars rejouent la même symphonie ici mais cette fois à une échelle plus large, douze chansons au lieu de quatre, avec une signature sur le label américain Brassland, home des groupes Clogs, National, Erik Friedlander. En fait, on devrait plus parler de melting pop pour définir la musique de Baby Dayliner. On trouve sur ce premier album aussi bien des rythmes venant tout droit du hip hop (« Shah with that »), de l’électro (« Party scenes ») et beaucoup de new wave (« Raid », « Beat downs » et « Lullabies »).
Ce mélange de sons est naturel chez ce résident de Brooklyn. On a affaire à un musicien féru qui une fois digérés recrache dans ses compositions nourries par son passé musical ses disques favoris. Ainsi, entre l’âge de sept ans et dix-sept ans, Ethan Marunas joue du violon. Il délaisse le classique, trop restrictif en terme d’improvisation pour libérer ses mélodies atypiques, pour se consacrer intensivement aux percussions. D’ailleurs, il ira même jusqu’à envisager une carrière de batteur de jazz. Puis, son envie d’évasion le rattrape et il abandonne les fûts pour jouer de la guitare au sein d’un groupe à la courte vie Bodyrock.
En écoutant les disques de New Order et des Magnetic Fields, Baby Dayliner achète un synthétiseur et apprend la programmation sur séquenceur. Avec sa voix caverneuse, il trouve un style qui se reflète dans ses influences. La ligne musicale de High heart & Lowe state est tracée.
A l’image de sa vie, la musique du new-yorkais est à la fois festive, romantique et cérébrale (« Party play home getting sexual, party play home having too much fun » chante-t-il sur « Shah with that »). Néanmoins, on ne limitera pas ce trublion qui aime brouiller les cartes à un branleur de salon à l’ascension rap. A côté de thèmes futiles ou sportifs (hymne au baseball) se juxtaposent d’autres plus profonds comme la perte, la rédemption, le désir.
Au fil de l’album, Baby Dayliner expose sans retenue sa conception de la vie. Sans pour autant intellectualiser sa musique ou la faire paraître minimale, à l’image d’un Gonzales, Ethan Marunas conçoit son écriture comme des tranches de vie à la fois simples, émotives et prise de conscience. En restant fidèle à ses disques de chevet, il s’attache à recréer une new wave qui aurait fait un bond dans le temps, croisant le fer avec le hip hop ou l’électro d’aujourd’hui.
Et si le synthé vintage était remis au goût du jour ?
-Le site de Baby Dayliner