Ce disque pourrait porter la mention carré blanc sous son cellophane, mais préfère les sommets du rock dépravé. Lorsque Galaxy 500 rencontre Joy Division cela donne cette jolie montagne rose.


Stephen Mc Bean, semble avoir un appétit sexuel guère rassasié. A l’entendre dire dans les quelques entretiens accordés à la presse US, la tête pensante des Pink Mountaintops se plait à visiter les nombreux sites pornos de la toile pour y trouver l’inspiration de ses textes salaces. Et tout au long de cette galette, le gars n’en manque pas une pour transcrire sur papier sa libido insatisfaite (« Sweet 69 », « I (Fuck) Mountains »). Un sacré cochon, mais un sacré don aussi pour torcher des chansons possédées.

Figure de la scène indépendante de Vancouver, cet ancien Jerk With a Bomb également membre de Black Mountain, semble apprécier sans modération les sommets escarpés du rock ambigu et provocateur : Velvet Underground, Joy Division, Palace… ici les modèles soniques sont aussi des modèles lyriques. Les influences sont plus qu’évidentes tout au long de ce disque, mais The Pink Mountaintops n’en possède pas moins une forte personnalité, capable de transcender ses formules pourtant maintes fois repiquées depuis plus de 35 ans.

Entouré de ses potes, Amber Webber, Joshua Wells, et Christoph Hofmeister, Mc Bean a enregistré en un mois ce disque au studio Hive de Vancouver, haut lieu du rock underground des environs. Même si -aux propres dires de Mc Bean – les sommets roses ne sont pas considérés comme un groupe à part entière, l’album n’en possède pas moins une solide cohésion, bien plus forte et raffinée que les habituels side projects bâclés auxquels nous avons affaire la plupart du temps.

Le premier titre « Bad Boogie Ballin » ressemble à de la cold wave sous perfus New Yorkaise, doté du sigle Factory. Mais le plus souvent, on pense à un jeune Lou Reed en pleine possession de ses moyens, fricotant avec Will Oldham. A l’image de « Leslie », une ballade champêtre parfaite pour laquelle l’auteur de « Femme fatale » tuerait sa propre mère pour en écrire une de ce calibre aujourd’hui. Stephen Mc Bean devient également un grimpeur de premier ordre lorsque le tempo se fait plus relevé. Impossible de ne pas swinguer sur « Can you do that Dance », le genre de brulôt après lequel courent toujours les Kings Of Leon, le sentiment de perversité en plus. Et que dire du sublime « Tourist in Your Town », un duo mixte renversant qui emprunte impunément la dynamique d' »Heroes » de Bowie (mais c’est pour la bonne cause)?

Entre rythmes emportés et d’autres plus confinés, The Pink Mountaintops sait parfaitement doser sa palette mélodique, et cet album s’enfile d’un trait comme un délicieux Brownie. Le disque se clôture par une reprise de l’emblématique « Atmosphère » de la division de la joie, transposée une décade plus tôt autour de l’oasis bananière de la Factory.

Avec quelques tournées déjà au compteur avec notamment Destroyer et les méconnus Frog Eyes et même une première partie pour les Pixies, ce premier jet réveille nos pulsions secrètes et ravive notre ardeur pour les fruits défendus. D’ici là, on observera d’un oeil attentif les prochaines sorties de ce pervers de Mc Bean.

Le site de The Pink Mountaintops