Cela faisait longtemps qu’un album ne nous avait pas tant emballé dès la première écoute. Excellente surprise de ce premier semestre 2004, le trio londonien Blue States, vient de sortir son troisième et meilleur album à ce jour, le lumineux The Soundings, nouvelle sensation qui vient enrichir notre palette auditive.
Un album de pop à la fois moderne et érudit, piloté de main de maître par le génial metteur en son Andy Dragazis et ses nouveaux compagnons de jeux, Jon Chandler (batterie) et Chris Carr (chant, guitare). Chris, s’est volontier prêté au questionnaire par mail. Voici le résultat, brut de décoffrage.
PINKUSHION : Blue States était au départ le projet solo d’Andy, et maintenant c’est un groupe à part entière. Est-ce que ce fut le résultat d’une évolution logique, ou bien par accident ?
Chris : Andy a demandé à moi et Jon l’année dernière si nous voulions faire un album. Nous sommes potes depuis pas mal d’années à cause du groupe sur scène, mais depuis qu’Andy vit et enregistre à Londres maintenant, c’est plus facile de se retrouver et d’écrire de la musique.
Pourquoi avoir changé le line-up du groupe si souvent. Etait-ce une question d’inspiration ?
Si Andy compte sur Jon et moi pour l’inspiration, c’est qu’il doit être vraiment désespéré.
Durant l’enregistrement en studio, quel était votre sentiment ?
Vraiment, le processus d’enregistrement incluait beaucoup de longues nuits entre Andy et moi, essayant de trouver différentes choses à travers la musique qu’il élaborait durant la journée. Nous aboutissions à quelque chose après avoir ingurgité environ six Red Stripes et deux bouteilles de vin rouge.
Alors au matin, nous estimions les dégâts puis Jon débarquait, déposait par terre son kit de batterie et établissait probablement une liste. Jon adore écrire des listes – tellement de listes. De toute façon, il y avait beaucoup d’expérimentation et d’erreurs – à commencer par Andy qui s’impliquait tellement sur ses instrumentaux que cela me limitait au nivaux du chant (« Accross The Wire » et « Final Flight » étaient toutes les deux des instrumentaux au départ). Nous avons avons commencé à écrire sur une base plus simple afin que la musique puisse davantage compléter les vocaux. Je pense que nous y sommes parvenus à la fin.
Être dorénavant un trio, qu’est-ce que ça change ? La musique est-elle différente sur scène ?
Lorsque nous étions six je détestais ça -jouer avec une bande enregistrée avec aucun contrôle sur une prestation live et des gens que je ne connaissais même pas. Nous sonnions énorme, et quand ça fonctionnait c’était super, mais nous étions devenus des zombies. Maintenant nous jouons tout « live » avec le rajout de Jevon à la basse qui solidifie notre formation.
Cela sonne complètement différent du disque, mais donne aussi beaucoup plus d’énergie et la qualité des chansons fait que nous pouvons alterner les instrumentations sans perdre un certain impact. Ce que j’essaie de dire, c’est que nous sonnons « foutrement » bien live !
Chris, tu chantes pour la première fois en tant que leaderÂ… et c’est super ! Pourquoi avoir entendu si longtemps ?
C’est exactement ce que j’ai ditÂ…
La façon dont vous composez à totalement changée depuis depuis Mountain Man votre précédent album. De quelle manière ?
Hello (NDR : ? !, ok ma question était peut-être un peu redondanteÂ…)
Cette fois, les chansons semblent très préparées, avec beaucoup de textures et d’arrangements. Comment décririez-vous votre travail maintenant ?
Je pense que tu as fait un assez bon travail toi-même pour le décrire (NDR : Merci !). Toutes les chansons ont beaucoup de profondeur, ce qui leur donne une plus grande longévité. J’écoute encore les petites touches qu’Andy intègre aux chansons après les avoir écouté des millions de fois. C’est genre de soucis du détail qui te font revenir. Nous prenons vraiment beaucoup de soins dans le processus d’écriture, et je pense que ça se sent.
Dans ma chronique, je mentionnais que The Soundings me rappelait un « rêve psychédélique ». Il y a aussi une idée de quelque chose de « grandiose » (peut-être à cause de l’influence d’Ennio Morriconne »). Est-ce que c’était l’idée ?
Oui, grandioseÂ… Andy écrit toujours la musique comme si c’était la dernière, l’ultime. Nous avons du écarter quelque chose comme cinq chansons parce qu’elles sonnaient toutes comme un titre de fin d’album. Nous voulions créer quelque chose d’un autre monde et plus sombre que les deux premiers albums, et je pense que l’album a pris finalement le contrôle de lui-même. Un peu comme le méga-ordinateur dans Superman 3.
« For a Lifetime » est une très belle chanson, très direct. Ecrire la chanson pop parfaite est votre nouvelle obsession ?
On ne laisse pas partir une chanson, à moins d’avoir passé avec elle une bonne poignée de semaines. « Lifetime » suit cette logique. La musique est arrivée en premier pour celle-ci, bien qu’elle sonne comme une chanson de songwriter. Il doit y avoir quatre versions différentes de paroles et de mélodies de chant sur celle-ci. Mon conseil à celui qui veut écrire une chanson comme celle-ci, c’est de ne pas la jouer en concert avant qu’elle ne soit terminée. J’ai essayé de le faire et je me suis retrouvé à chanter quatre versions différentes de la même chanson en l’espace de trois minutes. Ca à dû être la chose la plus étrange qu’une foule n’ait jamais entendu.
Peux-tu me donner tes cinq albums préférés de tous les temps ?
The Stone Roses – The Stone Roses (ce disque m’a fait prendre une guitare, puis la reposer parterre aussitôt)
The Beatles – Rubber Soul (Ils commençaient à vraiment s’amuser à partir de celui-ci)
Nick Drake – Five Leaves Left (le premier et le meilleur)
Hunky Dory – David Bowie (les meilleurs vrai chansons qu’il n’a jamais écrites)
Beach Boys – Pet Sounds (pas besoin de faire un dessin)
Peux-tu me donner un album sous-estimé ?
Pacific Ocean Blue – Dennis Wilson (peut-être pas sous-estimé, mais criminellement sous-exposé avec probablement la meilleure ouverture de tout les temps).
Enfin, peux-tu me donner un album sur-estimé ?
Nevermind – Nirvana. Oui, je sais c’est controversé après ma dernière réponse, mais je m’en fous ! Les Pixies et Sonic Youth faisaient ça bien avant et bien mieux (à mon humble avis, qui est toujours juste). En plus, ils sont directement responsables d’avoir tué tous mes groupes anglais fétiches, puis ont laissé des grosses taches de merde comme Bush, Stiltskin et SilverchairÂ… calme, lent, calme, lent.. ouai peu importe.
–Vous pouvez lire la chronique de l’album de The Soundings ici
-Le lien vers le site du groupe ici
-Pour vous prouver que cet album, c’est pas du chiqué, vous pouvez l’écouter en streaming ici