Ça commence comme une comptine pour enfants, mais dès le deuxième titre on a droit à de la distorsion sonore comme on l’aime si on compte dans sa discothèque les incontournables My Bloody Valentine et Jesus & the Mary Chain…mais pas seulement.


Quatuor originaire de Malmö, en Suéde, leur nom leur a été inspiré par une station essence/garage qui officie également en tant que radio locale appelé Radiovdelningen (qui signifie bien évidemment The Radio Department). Johann Duncanson et Martin Larsson ont fondé le groupe il y a déjà quelques années, et dans un premier temps ça ressemblait plutôt à un collectif culturel où chacun s’adonnait à son art préféré (peinture, photo, écriture) avant que la musique ne devienne presque exclusivement le centre d’intérêt et de création commun. C’est donc avec Kim Sjolander à la basse et Dnaile Tjader aux synthés que le quatuor prend forme. XL Recordings, le label anglais, a bel et bien décidé de faire connaître leur album au-delà des fjords.

Arrivant à point nommé car comblant le vide laissé par Bloody Valentine et consorts depuis déjà de nombreuses années, leurs chansons sont autant de pièces pour marteau piqueur mélodique, avec deux joyaux en la matière : « Keen on boys » dont le son distordu inonde l’espace et « Why Won’t You Talk About It? » qui tente plutôt bien que mal d’inviter (le) Larsen (excusez ce jeu de mots facile mais vu qu’ils sont suédois…) comme instrument à part entière. Plus on écoute le CD, plus on se rend compte de l’édifice sonore auquel on est confronté : et l’on sort de là abruti, ayant perdu tout repère. Ce bruit est tellement hypnotisant qu’on l’attend comme un shoot, avide que l’on est de rentrer dans cet univers si particulier.

On est pas trop loin non plus de l’univers noisy des écossais de Snow Patrol , voire même de Postal Service (dans le côté Lo-fi de « 1995 ») avec « Bus » et « Slottet #2 » , tous deux mettant en avant une mandoline que l’on jurerait branchée sur une centrale électrique et des baffles de 400 watts, le deuxième se permettant même un xylophone en guise de douceur.

Le bien nommé « Where Damage isn’t already done » est quant à lui un hit à coup sûr, avec son rythme rapide et sa trame mélodique facilement mémorisable. Il dénote du reste de l’album. Mais le titre le plus époustouflant est à n’en point douter « Strange Things Will Happen », le seul interprété par Elin Elmered, qui ne fait malheureusement pas partie du groupe et pourtant celui-ci en sortirait largement gagnant. Sa voix – d’une beauté éblouissante – vous fera fondre sur place. « Today What a pretty day » qu’elle chante dès le début : superbe. La guitare sèche vient souligner la singularité du titre, qui en perd du coup la connotation très électro du reste de l’album, et c’est ce qui la distingue remarquablement.

L’album est en tout cas bien équilibré entre titres crades et autres alambiqués (à l’image de « Your Father » avec sa batterie et son piano). On regrette juste que le chant féminin n’est pas été plus prépondérant pour parfaire l’équilibre frisant la perfection. L’utilisation poussée à son paroxysme de la machinerie mise à la disposition du musicien aurait aussi trouvé du répondant dans de vrais instruments, classiques, un peu trop absents ici. Mais ces critiques n’en sont pas vraiment, le groupe a semble-t-il plutôt voulu laisser la place à toutes les possibilités qu’explorent d’autres groupes en plusieurs albums tout au long de leur carrière. On a véritablement l’impression d’écouter un best of, et ça, pour le premier album d’un nouveau groupe, c’est prometteur pour l’avenir. Surtout quand on apprend, de surcroît, qu’il n’y a ici ni producteur ni studio : tout est home made. Chapeau !

Le site de Radio Dept