Le trio mené par Andy Cairns est toujours au rendez-vous des déçus et autres dégoutés de la vie : pour un moment de bonheur chaud et haut en sueur!
Therapy? (« question mark » (?) comme croient utile de préciser les anglais, alors que chez nous on dit juste Therapy, ignorant superbement le point d’interrogation) est un des ces groupes qui, quoi qu’il arrive, continue à cracher sa rage et son mal-être au gré d’albums réguliers qui ont toujours le chic d’innover tout en ne sortant pas trop de la route tracée dès le départ. 10 ans. 10 ans que l’album Troublegum est sorti, contenant une reprise d' »Isolation » de Joy Division qui dépassait l’original. . A l’époque, il n’était pas rare de voir des pronostics à leur sujet leur promettant un avenir à la U2.
L’album Infernal love et sa pochette de poseur signée Anton Corbijn (qui a fait de nombreuses pochettes et clips vidéo de U2 et Depeche Mode) pouvait encore faire présager la chose, comprenant la ballade « Diane », reprise de Hüsker Dü. L’eau a coulé sous les ponts, Andy Cairns est passé par une cure de désintoxication, plusieurs musiciens ont appris à mettre en pratique l’expression « chaise musicale », et ses prévisions ne se sont pas produites. Therapy? fait toutefois partie des valeurs sûres du rock indie énervé, aux riffs assurés et à la rage constante. Et l’album Suicide Pact: You First (2000) est bien trop sous-estimé.
La présence retrouvée de Neil Cooper (présent dans Anxiety), et qui remplace Fyfe Ewing aux côtés des indétrônables Andy Cairns et Michael McKeegan, se fait ici sentir, et comment! Le gars semble bien intégré à présent.
La rage… Rien que le titre de la galette, Never Apoligise, Never Explain en dit long sur l’état d’esprit du trio. Le titre allumé « Die like a mother fucker » confirme la chose. Andy est énervé, rien de tel que de se défouler dans la forme comme dans le fond. Il semble aussi être plutôt amer vis-à-vis de ses potes, en clamant dans « Dead » : Friends who fuckin’ needs them, when they only left you down, They take your time, they bleed you dry. On peut sans prendre de risque dire que le monsieur en a gros sur la patate. Tout comme « Rise up », qui semble bel et bien s’adresser à eux-mêmes, comme pour se donner du courage : « Rise up, rise up, and make yourself well« . Tout le système – en gros – répugne Therapy?, et le groupe n’a jamais aussi bien porté son nom. Oubliés en tout cas les chansons au gabarit plus pop qui les ont fait connaître du quidam lambda.
Therapy? est avant tout un groupe de scène, où sueur et dépassement de soi enivrent autant les protagonistes que l’audience. Et personne n’arrive à mieux retranscrire cela sur CD que la bande d’Andy. A ce titre, « Polar Bear » est un des meilleurs titres qu’ils n’aient jamais enregistré à ce jour. Le style rentre dedans de leur première galette, Nurse, est ici remis à l’honneur, avec une déconstruction type live très élaborée. Certains titres comme celui qui clôture la galette lorgnent du côté du punk avec ses tempo saccadés et des criardises. « Perish the thought » est peut-être l’exception qui confirme la règle : ce titre pourrait bien figurer dans Troublegum, avec son refrain mélodieux.
Toutes basse, guitares et batterie en avant, l’album dans son ensemble retrouve en fait le son d’autrefois, ce qui signifie en clair que ça casse la baraque et que ça déménage : le genre de disques à écouter quand vous êtes bien furieux, histoire de calmer la haine.
Pour conclure, c’est un très bon album de Therapy?, mais on n’en attendait pas moins de leur part.
Le site de Therapy ?