Dans le giron de !!!, Q and not U vient confirmer qu’il s’agit bel et bien d’un nouveau genre musical issu de Big Apple, une réaction aux attentats du 11 septembre.
Il y a une nouvelle scène, en provenance de New York, décidément l’antre de la musique actuelle, qui semble jaillir à côté du garage-rock des Strokes et du punk-dance de Radio 4, voire du revival dark eighties d’Interpol. Le problème, c’est qu’on ne sait pas trop où ni comment la catégoriser. Car tout semble indiquer qu’il s’agit d’une sorte de scène underground/indie qui progresse à côté de la scène punk-dance des Ratatat et autres The Rapture, mais indie/underground car beaucoup plus foutraque, moins commerciale, moins évidente. !!! (tchick tchick tchick) semble être le fer de lance de cette scène qui débarque petit à petit en Europe, mais qui n’en est déjà plus à ces premiers balbutiements.
Q and not U s’inscrit dans cette catégorie. Rien que le nom du groupe semble déjà être un indice de ce mouvement musical qui semble trouver sa source chez Talking Heads et tout le funk/groove en passant par le punk, donnant une large place à l’amusement et à la créativité. Spécificité cependant chez le trio qui nous intéresse ici : il semble également être le porte-drapeau d’une homosexualité sans complexe. Sur l’arrière de la pochette déjà, deux des protagonistes s’embrassent à pleine bouche, mais l’on ne sent pas pour autant un désir de choquer quelconque (tellement facile de nos jours).
C’est en 1998 que John Davis, Harris Klahr, Chris Richards et Matt Borlik forment le quatuor qui se cache derrière Q ant not U. Mais après deux ans seulement, Matt quitte le navire et le groupe devient trio. Il s’agit ici de leur troisième album, qui tombe donc – en Europe – en plein dans cette nouvelle vague hybride, qui semble somme toute découler directement des attentats du 11 septembre, un peu comme s’il y avait besoin d’en faire qu’à sa tête, car on ne sait pas de quoi demain sera fait. Plusieurs reportages ont déjà montré à ce propos que la population new-yorkaise, loin de se calfeutrer chez elle, n’a jamais autant fait la fête et profité de la vie. C’est donc dans un bouillon de culture propice que le groupe actuel arrive à pic.
Une chose semble claire, et ce dès le titre d’ouverture, « Wonderfull People » : on veut faire la fête et s’amuser. Les chants en falsetto semblent avoir été privilégiés ici, le tout sur une rythmique dance très punk, picorant ici et là dans le terrain – miné – du groove et de la soul. Les synthés saturés viennent alourdir le son, façon de le formater disco trash. Sans parler du big beat sur « Beautiful Beats » : on lorgne clairement du côté de la boîte de nuit! La comptine de « District night prayer » est l’exception qui confrime la règle.
Les paroles valent le détour également : souvent surréalistes et foutraques. Voire subversives. Dans « Wet work » par exemple : « Something beautiful happened in the church house, but it didn’t have to do with god« . Dans un pays où God est imprimé sur les billets de banque et où l’on prête allégeance sur la bible, et de prime sous régime néo-conservateur, ces paroles ne doivent pas être appréciées par tout le monde, et encore moins si l’on sait qu’elles proviennent d’artistes gay… L’utilisation de la flûte sur « Throw back your head », et des percussions sur pratiquement tous les morceaux confèrent un côté artisitique sous-terrain à l’ensemble. Et, rien à faire, on pense indéniablement à !!! et à leur funk-punk-dance-bazar. On imagine d’ailleurs le trio en live : ça doit être un beau bordel, mais on aime ça chez Pinkushion!
Le site de Q and not U