Ambient naturaliste ? Le second album de Growing, The Soul Of The Rainbow And The Harmony Of Light, est surtout une somptueuse éloge à la lenteur, perdue sur les cartes musicales.
Il y a un an, Growing publiait sur Kranky son premier album, The Sky’s Run Into the Sea. Remarqué par les amateurs de musiques défricheuses et libres, ce premier essai faisait suite à un split 7′ sorti initialement chez Nail In The Coffin Records puis réédité à 500 exemplaires par Megablade. Le groupe était alors un trio constitué de Joe Denardo, Kevin Doria et Erin Ross. Aujourd’hui, Growing revient avec The Soul Of The Rainbow And The Harmony Of Light sous la forme d’un duo sans Ross. Il n’y a pourtant rien d’étonnant à cela quand on sait que Denardo et Doria jouaient ensemble avant de former Growing au sein de 1000 A.D entre 2000 et 2001. Growing est né de la «fusion» de 1000 A.D et de l’autre groupe dans lequel jouait Denardo à l’époque, Black Man White Man Dead Man.
Cousin de Kinski et autres SunnO))) (dont l’un des membres, Rex Ritter, est ici à la production), Growing fait partie de ces groupes qui ont définitivement largué les amarres, fâché avec la routine musicale et perdu sur les cartes musicales. On pourrait bien tenter de rattacher le duo d’Olympia à un port d’attache : le minimalisme de LaMonte Young et Charlemagne Palestine ou l’ambient de Brian Eno. Mais cela s’avère vite vain car Growing est parti sans laisser d’adresse.
Construite à partir de saturations et autres feedbacks de guitares, la musique de Growing ne se rattache finalement à rien d’autre qu’à l’espace sonore dans lequel elle évolue. Un espace qu’elle investit totalement. Onirique et rêveur, l’univers de Growing agit de façon surprenante sur l’affect de l’auditeur. Loin de le pousser dans ses retranchements, il s’agirait plutôt ici de constituer ce que l’on nomme une installation interactive. L’auditeur doit rentrer dedans, à l’intérieur et non pas écouter de l’extérieur, être hors de. On recommande ainsi l’écoute de The Soul Of The Rainbow And The Harmony Of Light sans casque et à fort volume pour mieux appréhender ces reliefs vertigineux et ces contours évanescents.
On entre dans ce deuxième album par une longue pièce, “Onement”, dans laquelle des nappes de guitares minérales s’étirent sur 18 minutes à peine perturbées par le son de la mer en écho. Sur la fin du morceau, des cymbales viennent, comme une vague, balayer le tout et préparer le terrain à l’oppressant “Anaheim II”. Originellement enregistré pour un split avorté avec Pelican, “Anaheim II” livre 7 minutes de saturation aux variations minimales.
Après ce monolithique sonore, “Epochal Reminiscence” vient redonner forme humaine à la musique de Growing. Nappes de guitares et basse se déploient sur 17 minutes pour arriver en des lieux plus lumineux et chaleureux. “Primitive Associations / Great Mass Above” vient clore The Soul Of The Rainbow And The Harmony Of Light de façon plus paisible. Growing y convie sons environnementaux naturels (oiseaux, eau, etc…) pour mieux peindre cet ultime paysage sonore aux couleurs tendres et redescendre sur la terre ferme.
– La chronique de Growing – Sky’s run into the sea
-Le site de Growing