Coup de projecteur sur un label indépendant bien de chez nous qui depuis le début de l’année 2004 s’est considérablement développé. Ainsi Martingale Music compte parmi ses rangs quelques pointures pop rock qui ne devraient plus rester dans l’ombre bien longtemps.


Distribué par les Productions Spéciales , le label Martingale Music a su faire parler de lui tout au long de l’année en signant quelques groupes à la qualité de composition assez efficace pour ne pas être noyés dans la masse des sorties de disques hebdomadaires. S’enthousiasmant pour les mélodies accrocheuses et attentif au charisme des artistes, le label français héberge aussi bien des pointures en devenir dans l’hexagone (Verone, Yel) que d’autres jouissant déjà d’une certaine reconnaissance en dehors de nos frontières voire outre-atlantique (Feable Weiner, Showstar). Le tout sans particulière attache hexagonale.

verone_img2.jpgVerone, nouvelle signature de Martingale, fait sensation avec son album Retour au Zoo, dans les bacs début 2005, avec une ambiance musicale si chère au défunt label Lithium. Mélange savamment orchestré entre pop minimaliste et bidouillage électronique aux climats vaporeux, les chansons de Retour au Zoo lorgnent souvent du côté de Christophe (« J’ai vu des chevaux sous la mer », « Derrière le ciel »). D’ailleurs il n’y a pas que la musique qui nous fait penser au chanteur des mots bleus mais aussi le timbre de la voix de Verone et cette façon particulière de la faire sonner (on passe d’une voix naturelle à celle filtrée dans un vocodeur). Bien que les mélodies soient agréables, certaines compositions auraient mérité un peu plus de désordre dans leur structure pour les rendre moins prévisibles (« Cherokee », « Penser tout haut »).

-Le site de Verone

Starving-Toutnestpasrose.jpgStarving même si le titre de leur album nous avertit que Tout n’est pas rose, ont choisi l’option pop entraînante (« Macho », « L’odi explose », « Mots doux »). Les chansons de l’album surfent sur des plaines entre bas et haut relief, alliant le faux calme aux arrangements sautillants. A l’image de sa chanteuse aussi timide qu’aguicheuse, la musique de Starving surfe entre l’amour romantique et les pulsions instantanées. Ne pas se fier aux premières impressions, derrière l’innocence affichée se cache des accès de fièvre. En effet Tout n’est pas rose !

-Le site de Starving

feableweaner.jpgFeable Weiner aurait pu jouer dans la série Happy Days car même s’il vivent dans notre millénaire, ils voient la vie et la musique dans le rétroviseur des années soixante. A l’instar de groupes américains comme Weezer, nos trublions cultivent un goût particulier pour le rock sans pose ni artifice. Les mélodies de l’album Dear Hot Chick résonnent comme des bombes qui ne feraient de mal qu’aux oreilles formatées à la sauce starac’. Des morceaux comme « Handjabs », « San Deem us ready », ou « Sally be » ont des allures de réveil musical qui s’empare de l’auditeur pour ne le lâcher qu’une fois endormi.

-Le site de Feable Weiner

showstar.jpgShowstar comme le nom de l’album l’indique (We are ready) est bien prêt à recevoir les honneurs du public. Comment être hermétique à ce rock tout en tension ? Le tempo est enlevé, le rythme agressif, du rock sans fioriture qui ne se regarde pas dans le miroir, laissant le glamour aux groupes qui ont oublié d’écrire de vraies chansons. Ici, les mélodies sont inspirées et laissent voir leurs imperfections sans chercher à faire beau par des couches de production. Le soin apporté aux arrangements suffit pour que chaque morceau trouve une identité propre. Si on vivait dans un monde moins calculateur et moins soumis aux diktats des annonceurs, des titres comme « Little bastard », « I’m back » ou « Out of my head » seraient des tubes radiophoniques que les ados reprendraient en choeur.

-Le site de Showstar

yelalbum.jpgLa Belgique est un plat pays très fertile artistiquement. Elle nous réserve de temps en temps de belles découvertes que ce soit du côté flamand ou wallon. Ainsi, Yel, groupe francophone, déboule avec son opus intitulé Intimes Illusions et donne un sacré coup de balayette à notre rock hexagonal. D’entrée avec le titre « Nil novi sub sole » le décor est planté. Le propos est éclatant, la prose posée, la musique énergique. Guitares, basse, batterie suffisent à dynamiser les codes du rock. Ici nul ajout superflu pour rendre atmosphériques les chansons, on est plus du côté sobre et efficace que prise de tête laborantine. Même si par moment certains titres comme « Je ne sens rien », « Le cid » ou « Elle se fout des filles » lorgnent plus vers les compositions façon Daran, le reste de l’album tient la dragée haute à un rock vaillant et braillard, nettement plus digne d’intérêt et respectable que tous ses branleurs de salon qui se la jouent contestataires.

-Le site de Yel

Belasco.jpgComme une bouffée d’air, Belasco tombe à pic pour honorer la pop anglo-saxonne avec les égards qu’on lui doit. Cette brit pop sur laquelle beaucoup d’étudiants se sont enthousiasmés le soir dans leur chambre universitaire entre une émission de Lenoir et des révisions de partiels. Ces années où la bataille faisait rage entre Wedding Present, House Of Love, Boo Radleys, The La’s, Feelies, et autres Stone Roses. Pour les amateurs très friands de cette musique, jetez-vous sur l’album Knowing everyone’s okay, une pincée de chaque groupe précités plane sur les chansons de cet opus. Douze titres qui émeuvent autant par leur fragilité, leur fraîcheur (même si le style n’est pas nouveau on est loin des habituels plats réchauffés) et l’ardeur à jouer des purs merveilles pop. Nos préférés allant à « Someone inside », « Man », « Hunter’s song » et « I Know ».

-Le site de Belasco

-Le site du label Martingale