Second volume imposant des aventures de James Murphy et Tim Goldsworthy au royaume du funk punk dégénéré. Une démonstration éloquente d’un groove lettré et perforateur de barrières.
En l’espace de deux ans, il faut admettre que les instigateurs du label DFA ont incroyablement bien mené leur barque : James Murphy (ancien punk notoire) et son compère Tim Goldsworthy (membre fondateur d’ UNKLE avec James Lavelle) sont devenus l’une des paires de producteurs/remixeurs les plus emblématiques du renouveau Dance/rock New Yorkais. Depuis leur éminent premier single publié sur leur structure DFA, (“House of Jealous Lovers” des Rapture, sorti en catimini en Europe chez Output), leur punk funk labellisé Big Apple s’est vite révélé une drogue dure par le biais de quelques singles euphoriques signés LCD-Soundsystem, The Rapture, Radio 4, ou Blackdice. Sollicité récemment par NERD, Le Tigre ou Swayzak pour leur science contagieuse du mix imparable, DFA records est devenu une marque de fabrique prestigieuse et enviée.
Alors que le premier volume sorti il y a plus d’un an compilait seulement huit morceaux, les choses semblent avoir été revues monstrueusement à la hausse, pour notre plus grand plaisir : c’est maintenant un coffret luxueux que nous avons en main, accompagné de trois cds, les deux premiers constituant 18 titres rares et inédits, plus un troisième entièrement remixé par Tim Goldsworthy ou James Murphy (selon les notes de la bio ou le sticker !). L’objet se présente davantage comme une sorte de coffret rétrospectif, les deux fondateurs du label étant retournés dans leurs cartons pour dénicher quelques vieilleries (Pixeltan, Rapture), mais aussi pour présenter quelques nouveaux talents plutôt prometteurs (Delia Gonzales & Gavin Russom, Black Leotard Front).
Forcément, lorsque l’on fait acquisition d’un disque estampillé DFA Records on s’attend à ce que ça tache un maximum. On devient très vite client de ce big beat crasseux, mélange de No Wave et post-punk anglais (Gang of Four, The Fall) qui transporte souvent chaque morceau vers une transe du rythme complètement additive. Il faut néanmoins prévenir que DFA Records, c’est avant tout la culture du single, et que ce coffret imposant peut se révéler un peu écoeurant écouté en boucle. Mieux vaut l’apprécier à petite dose.
Au milieu de cette compilation qui joue malgré tout sur la compétition amicale entre potes de la même écurie, il faut admettre que le parrain James Murphy l’emporte par sa suprématie du groove. Sous sa propre entité artistique, LCD Soundsystem, la loi de Murphy fait des merveilles sur “Yeah”, aux allures de course-poursuite infernale, ou bien “Beat Connection” avec son groove sale conçu pour foutre le feu aux dancefloors. On attendra d’ailleurs avec encore plus d’impatience son premier album, Avant-première ! qui devrait sortir ces jours-ci, enregistré entre les studios DFA de New York et de Massachusetts.
Pour le reste, entre morceaux anecdotiques et véritables perles, on est frappé par la richesse de la palette offerte par ce label pour le moins singulier, que ce soit en matière de rock explosif avec les défunts Pixeltan (rebaptisés Plate Tectonics) ou avec les radicaux et insaisissables Blackdice. Autre merveille, “Casual Friday” de Black Leotard Front, morceau épique et tribal de plus de 15 minutes, laissera sur les genoux les clubbers marathoniens les plus solides. Et lorsque les deux patrons collaborent avec leurs idoles Liquid Liquid ou bien les p’tits nouveaux Delia Gonzales & Gavin Russom (avec le fabuleux “El Monte”, une sorte de “Tubular Bells” mixé par DFA), on sent que la passion est au rendez-vous et que ces lascars-là seraient capable au meilleur de leur forme de faire trembler la terre. Une véritable secousse de décibels.
-Le site de DFA records