Excellent élève, Majestic Scène réunit tous les ingrédients DU groupe indie par excellence : ouverture d’esprit, prise de risques, liberté de création.
Majestic Scene est un groupe hollandais qui exploite tout ce qu’il aime – et dieu sait qu’il s’agit de tout ce que le mot rock peut englober, à savoir le Blues, la country et la soul – de manière authentique, loin des aléas de la mode ambiante. Enregistré à l’origine comme deux EP, à Eindhoven et à Tilburg (leur ville natale), mais aussi en Suisse, c’est finalement sous la forme d’un album (le cinquième déjà) d’une richesse presque infinie que Soul Corruption voit le jour, sous les bons conseils de Pieter Kloos.
On ne sait trop dans quel râtelier mangent ces cinq lascars, mais le résultat est là : varié, plaisant, ambitieux, réussi. Le saxophone du chanteur et leader Joop Van Der Kuip n’y est pas pour rien d’ailleurs dans cette coloration atypique, proche autant du jazz que de la soul la plus suave. Ses compagnons font quant à eux une musique plus traditionnellement rock, voire country par moments, qui sait aussi se faire plus drue, à la Blues Explosion (« Jacob »). On pense en vrac à Smog (« #7 »), Madrugada, Motorpsycho, à The The (« Red & Sandy »), Calexico (« Soul Corruption ») et à Giant Sand (« Swizz Cheese ») à la fois, autant pour les ambiances prodiguées à l’auditeur que pour les instrumentations généreuses qui les caractérisent.
Ce qui est très attachant chez ce groupe c’est leur totale liberté de propos musical. Comme s’ils avaient envoyé au diable les conseils si avisés (et désintéressés) des maison de disques lambda (major), qui leur aurait à coup sûr demandé de s’en tenir à une ligne directrice et non de partir, comme ils le font, dans tous les sens. Mais ici c’est un petit label qui les héberge, My first Sonny Weissmuller, ceci expliquant cela. Il est vrai que l’on aurait pu craindre qu’ils se perdent en chemin, ou, pire, qu’ils s’emmêlent les pinceaux. Ce n’est vraiment pas le cas ici.
Si l’album commence calmement, distribuant les mélodies et les ambiances généreuses, c’est vers du rock pur et dur, n’oubliant pas ses qualités premières, qu’il se dirige par la suite. Après le calme la tempête en quelque sorte.
Pour finir ce voyage dans l’âme corrompue, « MR Reckless » distille la voix « surréaliste » d’un type qui profane des conseils à la population, un peu comme celui de « Two Tribes » de FGTH, qui donnait les derniers conseils devant une cataclysme nucléaire. Des bruits d’usine désaffectée accompagnent cette voix, donnant à ce dernier titre un parfum de fin du monde, cinématique à souhait.
Les deux titres cachés (« Sheep » et « De Man is rond ») continuent sur la même lancée bizarroïde, façon pour le groupe d’exploiter le filon expérimental qui devait visiblement et sérieusement les chatouiller.
Enfin, vous l’aurez compris, cette ouverture d’esprit mérite que l’on s’y attarde.
Le site de Majestic Scene