Depuis 2001, nous n’avions plus de nouvelles de Mercury Rev, chose faite avec The Secret Migration qui comme son nom l’indique nous promet quelques surprises.
Depuis 1998, notre intérêt grandit sans cesse à chaque sortie d’album de ce groupe qu’on croyait alors perdu à jamais dans les dédales du bruit et du chaos scénique. Deserter’s songs marquait le retour de Mercury Rev par la grande porte et on redécouvrait un groupe qui après avoir fait le ménage dans ses rangs, montrait au monde qu’il savait aussi écrire des chansons taillées dans l’écrin soyeux et pas seulement avec les nerfs. Redevenus abordables et respectables Jonathan Donahue et ses acolytes redoraient le blason du psychédélisme alors blasphémé par des Kula Shaker aussi pénibles qu’irrévérencieux. En 2001, All is dream confirmait la bonne tenue des compositions de Mercury Rev et augmentait un peu plus leur cote discographique.
Sept ans après leur magistral retour, comment appréhender The secret migration présenté dans le dossier de presse comme le jumeau de Deserter’s songs ?
L’album s’ouvre avec le titre « Secret for a song » peu convainquant quant au secret qu’il contiendrait. On se dit qu’il doit être bien gardé car les deux titres suivants ne nous en diront pas plus. Ce n’est pas qu’ils sont décevants mais plutôt communs dans leur orchestration, habitués que nous sommes à voir l’équipe Donahue-Grasshopper traiter leurs chansons avec des égards particuliers. Et puis au fil de l’écoute le charme s’opère. L’élégance de « In the wilderness », la symphonie de « In a funny way » (chanson rescapée des sessions de All is dream), la douceur de « Moving on » donnent de l’ampleur à l’album qui ne prend son réel envol qu’une fois son épicentre atteint. On comprend mieux dès lors le sens du titre du disque, une migration orchestrée discrètement et en douceur qui évolue dans le temps. Ainsi, une sorte de continuité avec les précédents opus se perpétue ici, on reste dans le psychédélisme raffiné mais cette fois-ci peu prononcé, pour migrer délicatement vers une pop à l’écriture soignée et un rock assez maîtrisé pour être encore libre sans tomber dans la démesure.
Dans son ensemble, l’album témoigne d’une bonne tenue mais peut-être faisons nous la fine bouche en n’y voyant qu’un ersatz de Deserter’s songs qui aurait perdu un peu de saveur. En présentant The secret migration comme le digne successeur du chef d’oeuvre de Mercury Rev, on s’attendait à un nouveau coup de maître alors qu’il faut peut-être plus voir ce nouvel album comme son nom l’indique, comme un passage vers de nouveaux horizons moins éclatants que ceux du passé. Car malgré cette absence de feu d’artifice, The secret migration reste attachant et dégage un parfum suave. Des titres comme « Arise » ou « Black forest (Lorelei) » ou ceux cités précédemment permettent au disque de décoller et de renouer avec une pop conçue pour les grands espaces. Ecouter les titres de Mercury Rev c’est comme prendre un grand bol d’air, frais de préférence.
Ainsi, depuis 1998 ces musiciens qui rêvent de grandeur restent attachés à l’excellence et continuent à répandre cette magie qui donne aux compositions une aura si particulière. The secret migration fait bien partie de ces pierres précieuses extraites des mêmes roches sacrées que Deserter’s songs mais avec quelques imperfections. Et même imparfaites elles n’en restent pas moins rayonnantes.
-Le site de Mercury Rev