Dans la lignée d’Idaho et de quelques groupes slow-core que l’on chérit, EDM nous épate par son travail soigné et son spleen austère qui ne se laisse pas dénudé dès le premier rendez-vous.


C’est assez fascinant à quel point on peut devenir obsédé par un son. En ce qui concerne ma petite personne, tout ce qui se rapproche du slow-core, je le bois comme du petit lait. Haaa, ce qu’on aime ses guitares arides, cette gravité et ce sens gravitationnelle…

Comment en est-on arrivé là ? Assez simple : cela débute avec un nom obscur mentionné ça et là, quelques éloges faits par un musicien enviable, on y prête alors une écoute distraite, une gifle à retardement qui se révèle rapidement cruciale à notre environnement. C’est le cas la première fois où l’on a posé l’oreille sur le Rollercoaster des Red House Painters : de fil en aiguille, on remonte la filière, des noms plus ou moins obscurs mais tout aussi fascinants émergent (le premier album de Bedhead, mais aussi Idaho, Bark Psychosis, Codéine…). Et puis on se sent un peu isolé, détenteur d’un secret trop lourd à garder pour soi et qu’on aimerait faire partager au plus grand nombre, détenteur de « Notre » vérité. Situation purement idéaliste et égoïste, bien sûr. On se prend un peu pour Mao, rêvant d’un idéal où notre musique chérie aurait la place qu’elle mérite au sommet de l’échelle. Ce à quoi un rapper ou un fan de Franck Michaël aspire aussi finalement…

Et puis depuis quelques temps, il y a Talitres, un petit label bordelais qui nous réconforte, on se dit qu’on n’est pas si seul finalement. Avec The National, Tex La Homa et Flotation Toy Warning, nous avons appris à guetter au fil du temps les sorties auquel correspond un peu notre vision idéologique de la chose rock. Au menu de cette rentrée 2005, le slow-core désincarné des Early Days Miners, et puis plus tard le magnifique album de That Summer prévu en Mars.

Assez méconnus en France malgré trois albums déjà à leur actif, et mis à part un EP distribué en Europe par le label espagnol Acuarella, ce groupe américain semble rejoindre la noirceur vaporeuse des guitares à quatre corde d’Idaho, Bedhead et consorts. Basé à Bloomington dans l’état de l’Indiana depuis 1996, le noyau dur Joseph Brumley et Daniel Burton (membre d’Ativin dont nous avions déjà parlé dans nos colonnes l’année dernière), forment un envoûtant binôme guitaristique. Leur quatrième album, All Harm Ends Here a été enregistré dans une église reconvertie en local de répétition, ce qui nous donne un peu une idée sur la teneur divine de l’objet.

Pas vraiment un groupe mais plutôt un duo auquel se greffe une section rythmique (récemment, Jonathan Richardson (basse) et Matt Griffin (drums)), les Early Days Miners officient dans un rock faussement calmes, d’une richesse instrumentale assez léchée ( comme sur l’inaugural et dense “Errance”). Entre arpèges aériens et voix faussement mono-corde, Joseph Brumley et Daniel Burton maîtrisent parfaitement les climats éthérés et une certaine mélancolie sous implosion. Le duo sait égrainer des harmonies vocales graves et sensibles sur certaines compositions plus dépouillées comme “We Know in Part”. Petit à petit, on cède du terrain face à ses guitares nébuleuses mais toujours rigoureuses (“Comfort/Guilt”).

On y trouve enfin une petite couleur post-rock, sur des titres comme “Purest Red”, ce côté clinique qui n’est pas pour nous déplaire et que l’on retrouve chez des groupes comme Maserati ou Mercury Programm.

Bref, on est accro à ce spleen, et qui comme qui dirait ce bon vieux Nick Kent, vivement recommandé.

-Le site de Talitres