A force d’enfiler à la suite des chef-d’oeuvres mineurs de pop pastorale, Josh Rouse construit mine de rien une carrière aux allures de premier plan…
Le nouvel album de Josh Rouse s’intitule Nashville et nous lançons un appel : Amateurs de Garth Brooks, gros ceinturons, bottes en cuir, et autres stéréotypes inhérents à la capitale de la country musique, et bien passez votre chemin, ce disque n’est pas pour vous ! Rappelez-vous ce que disait l’oncle Joe : «L’habit ne fait pas le moine». Le visuel est dans le même esprit que ces vieux vinyles 60’s de country, avec le tracklisting sur la pochette et ce fameux logo « stéréo » devenu complètement obsolète de nos jours.
Hormis quelques notes de lap-steel, Nashville fait surtout office de retour aux sources pour Josh Rouse, un hommage à cette ville où il a résidé pendant près de 10 ans. Enregistré à mille lieux de Nashville (Altéa en Espagne), ce sixième long format laisse transparaître l’amour que porte le natif du Nebraska pour la musique americana, un brassage partant de Neil Young et se terminant à Lambchop. Avec l’aide de Brad Jones (déjà producteur sur Home et 1972), Rouse semble vouloir revenir vers des compositions plus pures, dans l’esprit de son ami Kurt Wagner qui tous deux avaient enregistré un ep commun en 1999. Usant de jolies rythmiques limite folk, décoré de pédales lap steel et autres piano poussiéreux, Nashville respire les atmosphères de ces fameux disques faits en famille (The Band, Dylan, la bande à David Crosby).
Ce sixième album marque également la fin d’une période pour Josh Rouse : sa récente rupture amoureuse après dix ans de vie commune semble avoir décuplé son inspiration. Il y a beaucoup de nostalgie là-dedans, et forcément cela nous touche. Tout au long de l’écoute, il y a cette impression d’un dernier coup d’oeil dans le rétro avant de partir définitivement vers d’autres chemins, sans vraiment savoir de quoi il en retournera.
Les chansons ont une tonalité mélancolique plus forte qu’à l’acoutumée et sa voix jamais excessive a le don de vous mettre à l’aise. Au plein milieu de ce parfum americana, cet incorrigible pop-addict ne peut s’empêcher d’apporter à ces chansons une sensibilité pop anglaise : fin artisan, il aime sucrer ses compositions avec des mélodies riches, mais sans jamais frôler l’indigestion (“It’s The Nightime”, le très Go-Betweens “Winter In The Hamptons”). Pas prétentieux pour un sou, ses refrains ne nous regardent jamais de haut, qualité assez rare dans le domaine de la pop pour être souligné.
Si 1972 en 2003, empruntait une coloration Soul légère des plus remarquables, on retrouve encore quelques jolies séquelles ici (la basse bien rondelette de “Why Don’t you tell What” va faire sans nul doute quelques ravages sur scène). Il y a aussi une bonne poignée de ballades poignantes, dont “Sad Eyes”, où notre anti-héro accompagné au piano se paye le luxe d’une section de corde saupoudré de choeurs choeurs mielleux, une petite extase.
Autour d’une discographie enviable déjà longue de six albums, il y a une approche traditionnelle et une sincérité désarmante chez Josh Rouse qui suscite l’admiration. D’une qualité constante, cette pop pastorale vous berce, on se laisse balancer sur un vieux rockin-chair devant le porche d’une maison en bois blanche, à contempler la vue du Mississipi.
-Le site officiel de Josh Rouse