Premier disque ce ce duo belge qui a déjà fait couler pas mal d’encre outre-Quiévrain l’année dernière et qui sort enfin en France. Amateurs du revival eighties électro avec quelques pincées pillées au rock : c’est par ici.


Dès le premier titre, le single, avec ses sons saturés, ça démarre en trombe. Le refrain « I don’t want to have sex with you » évoque toute cette mouvance qui va de Peaches à Miss Kittin pour ce ton nonchalant et désabusé, et qui découle de ce nouveau féminisme engagé. Alors lorsque Charlotte Maison se met à chanter, ce qu’elle fait de fort belle manière, on est sous le charme. Car ce contraste saturé/douceur, cet aigre-doux électronique, mis à part qu’il est très à la mode, est ficelé ici avec délicatesse. Par déclinaison, la pochette attire le regard, on pense notamment aux pubs de Sisley.

Très vite, on comprend ou plutôt on devine la discothèque – fournie et subtilement digérée – de David Baboulis , l’homme derrière les machines : Kraftwerk (« We are soldout »), bien sûr (qu’a donc bien pu faire le quatuor allemand pour que tous les hommes de goût (…) se pavanent ainsi devant lui? Réponse: il a influencé tout ce qui se fait depuis trente ans en électronique). « You’re different » et ses formidables loops de synthétiseur sont du pur Komputer Welt. Depeche Mode est évoqué dans « Your dirt ». Front 242, Chemical Brothers et toute la clique électro veillent au grain.

Charlotte semble quant à elle très influencée par PJ Harvey, autant dans le fond (en gros l’enfer c’est les autres) que dans la forme. Mais elle va plus loin, sur « You’re not ok » et sur « I can’t wait », on croirait entendre Ze Monsta accompagner Charlotte. Et que dire du petit cri dans « You’re different »? Qu’il nous fait littéralement craquer avec ses sonorités Eighties. Charlotte doit quelque part être schizophrène, prenant tantôt la voix sensuelle de Shirley Manson (Garbage), tantôt celle, à bout de nerfs, de PJ Harvey, alors qu’elle a un minois d’étudiante d’hypokhâgne. Comme quoi la musique permet de délivrer les frustrations! Accompagnée comme elle est par David, on pense à Propaganda, à Anne Clark (« We are soldout »), ou à Miss Kittin lorsqu’elle donne dans le parlé chanté.

Plusieurs titres sont plus qu’accrocheurs au niveau des refrains: « A taste of candy », « Get out » mettent en valeur la voix de Charlotte, très charmeuse. D’autres sont extraordinairement attirants grâce à des loops de synthé très fédérateurs et entraînants. Pas de moments morts sur ce disque, au propre comme au figuré (une seule ballade, « Maybe tomorrow »), qui s’écoute de bout en bout sans sourciller, voire même en mode repeat. Assez parlé. Stop Talking .

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