On les voit partout, eux qui ont frisé la rupture fatale… Serait-ce un moyen comme un autre de faire parler d’eux ? Peut-être bien, car leur album n’est malheureusement pas à la hauteur de leurs déclarations.
Garbage, vaste débat. Après un premier album remarqué et remarquable, force est de constater que ce groupe dérange toutes nos croyances. Pourquoi ? Parce qu’il mélange – pas toujours très subtilement – l’univers très pop, dans le sens premier du terme, à savoir populaire, et l’univers plus alternatif. Du coup, on ne sait pas trop où classer ce groupe dont l’un des mastodontes, Butch Vig, n’est autre qu’un des plus grands producteurs des années 90 (avec, sur son mur, les disques d’or et de platine de Nirvana ou des Smashing Pumpkins, à côté de Sonic Youth ou L7) et dont la chanteuse, Shirley Manson, – écossaise, comme la douche – a été recrutée par petites annonces… bah, who cares?
L’histoire du groupe se gâte – artistiquement – dès le deuxième opus, sorte de mièvre service bis repetita du premier, et qui ne s’en cache d’ailleurs pas puisque Version 2.0 annonce la couleur et commercialement au troisième, Beautiful garbage, vendu à « seulement » 1 million d’exemplaires. Comme si cela ne suffisait pas, Butch Vig contracte une hépatite carabinée qui le clout au lit. Mince alors! Butch, ne serais-tu pas en train de somatiser quelque chose ? Non, les médecins sont formels, il s’agit bien d’une hépatite. Bon, pas anodin tout ça hein. « On va faire la tournée sans toi sinon les gens vont jacasser, mais je n’en pense pas moins », semblent penser tout haut ses partenaires. Et voilà qu’après la tournée on découvre des nodules sur les cordes vocales de Shirley. Sa bonne copine lui dit : « si tu avais dit ta façon de penser à Butch tout ceci ne serait pas arrivé »…
Loin des yeux loin du coeur pensent-ils dans un premier temps, pensant que le groupe est bel et bien sur une pente savonneuse, voire aux abonnés absents.
Puis on est tout de même content de se retrouver. Si content qu’on se dit « tu te rappelles notre premier album? C’était le bon temps hein? ». Chiche, on fait rebelotte? Chiche.
Voilà. Bleed like me est censé, selon les dires du groupe, retourner aux sources. En effet, c’est ce qu’il fait, à quelques détails près. A tel point que l’on se croit empêtré dans ces bonnes vieilles années 90. Qu’a-t-il de 2005 sur cet album? Rien, je ne vois rien. On dirait que l’on a mis dans un mixer Nevermind de Nirvana (tiens tiens…. Oui, et puis appelle-moi leur batteur il me devait un service celui-là) et le premier album de Garbage (elles sont où les bandes qu’on avait laissé tomber à l’époque? ).
ça n’a pourtant pas été aussi facile. La première séance est tellement catastrophique qu’ils pensent que c’est fini. Ce n’est que cinq mois plus tard – après un break – qu’ils se retrouvent, en compagnie du producteur John King, des fameux Dust Brothers : un seul titre en émergera, « Bad boyfriend ». Vig, Steve Marker et Duke Erikson en viennent à la conclusion qu’ils sont les mieux placés pour produire du Garbage (…). Pourtant, de manière ironique, probablement un des meilleurs titres de la galette est « Bad Boyfriend », avec « Bleed like me »… La matière première (celle qui se prépare chacun dans son coin à coups d’envois postaux) est, des dires du groupe, beaucoup moins élaborée qu’à l’accoutumée, ce qui les aurait amenés – ensemble – à fournir un gros effort de travail collectif. Au lieu de la production, la trame première doit être travaillée de bout en bout. Du coup, on a droit à un disque plus péchu, largement tributaire des guitares. On nous dit même que c’est comme ça qu’aurait toujours dû sonner Garbage. Ah bon?
Il faut du temps pour apprécier à sa juste valeur ce disque de Garbage, qui semble plus être destiné aux amateurs de rock lourd qu’à ceux d’electro-rock auquel ils nous avaient habitués. Les titres défilent avec un gros son, qui contraste avec cette mise en avant des instruments sur laquelle insistent les membres du quatuor. En fait, on ne leur en demandait pas tant – de son brut. Autant on peut reprocher leur style devenu de plus en plus doucereux, autant ici ils ont viré à l’autre extrême. La seule ballade « It’s all over but the crying » et semi-ballade « Bleed like me » ne changent rien à l’affaire. Le disque n’est pas mauvais mais il ne colle pas – plus – vraiment à notre époque. Il est anachronique en fait. Pour d’autres formations c’eut été une bonne nouvelle. Pour Garbage pas vraiment.
Last but not least, on se trouve acculé à baisser le volume assez souvent car ça casse un peu les oreilles… à l’instar du single Why do you love me… Dommage.
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