Quand un Terranova se lance dans une carrière solo et mélange les influences de Berlin et New York… On ne peut que mettre les pieds sur la piste de danse.


Vous vous rappelez de Terranova, ce consortium teuton qui nous a livré tant de bons disques trip hop, dont l’un comportait un excellentissime titre avec Tricky, « Bombing Bastards » ? Mais si, leur dernière salve avait été chroniquée ici. Rings a bell? Bon, et bien ça semble être fini Terranova. Mais, mais, réjouissez-vous, l’un de ses membres (celui qui met l’aiguille sur les disques), DJ Kaos, s’est lancé quant à lui dans une carrière solo après une incartade avec Ghost Cauldron. Et bien lui a pris car ce CD apporte encore de l’eau au moulin de ceux qui, comme moi, aiment la nouvelle scène new-yorkaise, même si elle n’en est pas originaire puisqu’ici nous avons affaire à un allemand, de Berlin, capitale européenne de la nouvelle scène dance et réponse du berger – européen – à la bergère – New York, avec des labels aussi respectueux que !K7. Tout ça pour dire que ces deux villes recueillent tous mes suffrages.

Les deux premiers titres ne vous feront pas cet effet-là cependant, à moins d’aimer la disco qui colle aux pieds comme un chewing-gum périmé, et encore (car je peux me mettre dans cette catégorie…). « Lessons in love » (qui n’est pas une reprise de Level 42, dommage…) et « Feel like I feel » ne donnent vraiment pas envie de continuer l’écoute, à moins que l’on aime les clones de Sylvester… Rarement un CD n’a aussi mal démarré les hostilités. Et dire que par deux fois au moins j’ai failli passer à côté de ce CD – la pochette n’est pas pour aider non plus -, me disant « mais qu’est-ce que c’est que cette daube? ». Et puis arrive « Now and forever » et surtout « My Reputation », deux titres qui, on le jurerait, sont issus, sinon de LCD Soundsystem, au moins de l’écurie de James Murphy… Non, rien à voir pourtant… Quoique, puisqu’on retrouve dans la liste des collaborations un certain Matti, alias Matt Sofer, alias The Rapture, ancien protégé de James Murphy. Hé hé. En tout cas, avec ces deux titres, à classer déjà parmi les meilleurs de cette année 2005, on bouge comme un damné, on fait le pitre, que dis-je, le guignol. Et puis les paroles valent leur pesant d’or : « Ive got no mission, I have a plan, to put you in my bed again ». Les petits violons ainsi que le synthé type « Holliday » de Madonna ajoutent un côté kitsch qui donne la touche allemande à l’ensemble. C’est absolument génial. Et dire que j’ai failli passer à côté de ça…

Particularité chez la plupart des DJ aujourd’hui, progrès technique et exigence de l’auditeur aidant, on ne se contente plus de mixer et de servir des sampling comme on gave une oie. Non, les instrumentations sont recherchées, les percussions … percutantes, le chant inspiré… enfin, on sent bien qu’il y a de la sueur et de l’âme derrière tout ça. Kaos n’a pas hésité à inviter ses potes berlinois, puisque l’on retrouve, outre les New Yorkais de The Rapture et de The Boggs, Erlend Oye, Daniel Wang, Khan, Captain Comatose, Namosh, Nicole d’Electrocute. (curieux d’entendre à quoi ça ressemble tiens. Il me prend depuis l’année dernière des envies subites de chanter à tue-tête « New York New York »…). « Town and countryman » et ses guitares à la Chic donnent envie de faire une petite chorégraphie à la Saturday night fever, c’est dire l’effet que fait ce titre sur votre ossature…On peut penser à l’afro-funk de Fela Kutie aussi. Notons aussi que les solos de percussions, à la manière des musiques cubaines et portoricaines, sont bien souvent mises à l’honneur. Le tube « Boogie Boy » est quant à lui à ranger à côté de « Intergalactic » des Beastie Boys, c’est dire la grande diversité de la galette.

Plus que plaisant (à part donc les deux premiers titres), voilà un album qui ne (se) prend pas la tête. Il invite à se bouger, autant son corps que ses neurones.

Le site de !K7