Détenteur d’une grande ouverture d’esprit, le duo TC n’hésite jamais à distiller les musiques des différents continents pour servir un trip hop frais et fringant, appelant à la fraternité, l’amour… et plus si affinités.


Originaires du Maryland, dont Washington DC est la capitale, Rob Garza et Eric Hilton ont été élevés aux sons du punk d’abord, de la soul, du ska et du reggae ensuite. Très vite, ils veulent créer un mix de hip-hop, soul jazz, dancehall, dub, bossa nova…, enfin, bref, de toute leur discothèque en somme. Ils officient ensemble depuis 1995 et Sounds from the Thievery Hi-fi, leur premier album, arrivait à point pour approvisionner en artistes américains les casiers des disquaires trip hop et chill out, alors investis par les germaniques Kruder & Dorfmeister, Sofa Surfers, Terranova ou les anglais de Bristol. La suite est connue, le nouveau millénaire ayant avalé et récupéré largement la chose par les compiles à deux balles que sont les lounge et autres Buddha Bar.

Thievery Corp. a su rester intègre, évoluant lentement, et trouvant sa niche sûrement. Mirror Conspiracy, et The richest man in Babylon, leur deuxième et troisième album, les ont définitivement placés sur le piédestal qui les incombait, et le succès mérité, et ce malgré le fait qu’ils sont, depuis leurs débuts, sur un petit label indépendant – et qu’ils y restent – , 18Th street Lounge music, aux moyens financiers limités (qui héberge également les Sofa Surfers et Nicola Conte). The cosmic game arrive en cette 2005, et force est de constater que le groupe n’a jamais été aussi inspiré, ni aussi bien à sa place. Il n’a pas fait les choses à moitié non plus, mais ça ça fait longtemps qu’on le sait. On sait maintenant que Thievery Corporation offre de la qualité, de la très grande qualité. Côté collaborations d’abord, « Marching the Hate Machines (Into the Sun) » affiche The Faming Lips, et « Revolution Solution » Perry Farrell (Jane’s Addiction), ou encore « The heart’s a lonely hunter » avec le vieux de la vieille David Byrne, que l’on peut considérer, avec Paul Simon et Peter Gabriel, comme un des fleurons de l’ouverture et du mixage entre les cultures. C’est ici à la culture d’un Fela Kuti que Byrne rend hommage, dans un spaceship en même temps très humeur Talking Heads. Que du bon donc.

Après la plage planante d’avec les Flaming Lips, Thievery corporation nous abreuvent directement avec des sonorités mêlant dub et trip hop à des piments et au punch des Caraïbes. C’est là que réside la force du binome américain : des titres qui vous frappent comme des uppercuts, et qui excitent dangereusement vos hanches et vos jambes pour déambuler sur la piste de danse improvisée dans votre salon, cocktail et petit amuse-bouche exotique sur le côté. Sans parler de cet indéniable côté super sensuel de leur musique… La classe. La bossa-nova et les sonorités hindouistes nous font quant à elles voyager dans d’autres sphères, tout aussi éblouissantes. Pour cela, Rob Garza et Eric Hilton n’ont pas hésité à se servir chez le grossiste, invitant ici et là des artistes Portoricains (Verny Varella), Brésiliens (Roberto Santos, Gigi Rezende), Jamaicains (Sleepy Wonder, Notch, Sista Pat Horns) et enfin indiens (Gunjan) au chant, mais aussi aux percussions, ajoutant à leur sauce le picante qui est si suave y rico, le Tandoori qui pique les babines et excite les sens.

A ce propos, « Satyam Shivam Sundaram » rappelle le « lebanese blonde » de Mirror conspiracy, morceau épique et sensuel s’il en est. Ici Gunjan (qu’on imagine belle comme peuvent l’être les stars de Bollywood) y susurre des chants évoquant le palais des mille et une nuits et tout ce qui s’ensuit, accompagnée par des sitars et de tablas. « Amerimacka » et le chant de Notch enfonce le clou du dernier album, The Richest Man in Babylon (Washington étant la Baylone moderne selon nos hôtes), les trompettes en sus. Enfin bref, que du bon je vous dis.

Un nouvel élément fait lui aussi de plus en plus irruption ici : le psychédélisme. En témoignent, bien sûr le titre de l’opus ainsi que l’explicite « Doors of Perception », ou les choeurs féminins de « Holographic Universe », mais surtout la présence des Flaming lips sur le titre d’ouverture.

Ce jeu cosmique flatte nos oreilles et notre sensualité d’une manière hypnotique. Que demander de plus ?

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