Au menu, les fines épées de The Absence, Flipside, Landscape et Mathieu Persan.
The Absence
The Absence est un duo originaire de Nevers et renouant avec une pop anglaise qui n’a pas peur d’user de flamboyance, dans la veine d’un James ou de House of Love. De l’idée qu’on se faisait au départ, ce n’est pas vraiment le style de compositions à se distinguer sur démos, car pour atteindre le palier d’un Tim Booth ou d’un Guy Chadwick, il faut une voix généreuse et pleine d’assurance. Et oh surprise, The Absence détient cette étincelle. L’écoute de cette généreuse démo 5 titres nous a perturbé, ces chansons sont d’une habileté singulière. “Pristine” draine un souffle épique dans la veine de “Tomorrow” de James, dominé par un chant qui nous transperce de part en part. Des pop-songs tragiques où une guitare Telecaster pourfendeuse s’élance sur des décors synthétiques en 16/9. Dans ce registre, il est dur de ne pas tomber dans les clichés du pompeux, mais The Absence s’en détache, en atteste le puissant “Fade Out”, qui établit un équilibre entre guitares colérique et chant pesé. Magnifique. Espérons que The Absence puisse maintenir ce juste dosage, car alors on ne voit pas comment ce groupe pourrait alors rester dans l’ombre encore longtemps.
-Le site officiel de The Absence
Flipside – Previous
Il faut l’admettre, la qualité des démos envoyées ces derniers mois n’a jamais été aussi bonne. Dernier choc en date, Flipside, quintette de Carpentras qui voue sur leur premier EP auto-produit un amour immodéré pour la power-pop royale. Leurs chansons regorgent de tourbillons mélodiques, à la fois directes et érudites. On pense bien sûr aux Beatles pour ces refrains indéboulonnables mais aussi aux cultissimes dB’s ou plus récemment aux Shins pour ce goût du bizarre entretenu. Si leurs mélodies sont spontanées et entrainantes, on sent en aval un travail énorme de composition : tout a été savamment pesé, du motif de guitare Harrisonnien, en passant par les choeurs power-pop 70’s, ou le xylophone rigolot de “Gone Away”. “Anytime you Like” est bourré de rebondissements, on a l’impression d’être embarqué dans un avion de voltige enchaînant les figures. Voilà tout ce qu’on aime dans la pop. On mentionnera également “I Don’t Want To Grow Up” qui aurait pu être écrit par Teenage Fan Club ou le magique “Good News of Letter” magnifié par de la poussière d’étoile glam de Bowie. Pratiquement impossible de ne pas tomber sous le charme.
-Le site officiel de Flipside
Landscape – One
Ex-The Misadventures Of… le clavier et compositeur Guillaume de Chirac signe avec Landscape une oeuvre personnelle dominée par des instrumentaux brumeux, aux confints post-Rock, voire « Bottom ». Escorté par Steffen Charron (autre ex-TMO), deux membres d’Overhead et Richard Cousin à la Basse (également chez Sebastien Schuller) , les dérivations sonores de Landscape sont souvent d’ordre cotonneux. Comme Sébastien Schuller, les contrées lointaines évoquées ici sont recouvertes de neige blanche et profonde. Les claviers de Guillaume de Chirac aiment dessiner des sillons sur une poudreuse encore vierge, exploitant magnifiquement le silence à la manière d’un Mark Hollis. Les 11 titres de ce long format s’imbriquent parfaitement et parviennent à véhiculer son message de bout en bout. Et même lorsque la saturation parvient à faire grimper la tension sur “Do” et “Against”, il y a toujours un spleen classieux qui s’enrobe autour de ces petites pièces mélancoliques. Landscape parvient à nous transporter vers des paysages naturels, mystérieux et arides, souvent bouleversants, pour qui osera y fouler les marches.
-Le site officiel de Landscape
Mathieu Persan – Does it Make you feel sad ?
Lorsque l’on pense à la pile de disques sans identité que certains labels tentent de nous refourguer dans la boîte aux lettres de Pinkushion (trop petite et qui souffre le martyr depuis près de deux ans et demi) le disque auto-produit de Matthieu Persan relève d’une profonde injustice. Comment se fait-il qu’un directeur artistique ne lui ai pas encore donné sa chance ? Il y a pourtant là un potentiel remarquable… Grand amateur de Divine Comedy, Mathieu Persan appartient au registre des «super-mélodistes». Conscient qu’il n’a pas le coffre vocal divin d’un Neil Hannon, Persan chante d’un un romantisme timide des chansons enrombées d’arrangements chatoyants. Il cache son humeur discrète par un travail sur les orchestrations proprement subjuguants. Son art de magnifier le cordes, emprunté à son expérience du conservatoire, ferait rêver plus d’un musicien confirmé. Si le chant demande par contre quelques écoutes d’adaptation (un Josh Rouse un peu plus maladroit), on ne perd vraiment pas au change grâce à l’habilité de ses compositions. Tout au long de ces quatorze titres copieux, bourrés à craquer d’un romantisme charnel, on succombe au charme de “Don’t You Hear The Bells” avec sa symphonie « dans le vent » fédératrice. “Does it Make you feel sad”, aux instants à la Tindersticks (c’est dire le niveau) laisse planer une personnalité plus tourmentée qu’on ne le pensait. A rapprocher donc d’un Ron Sexsmith, sans la moindre appréhension.
-Le site officiel de Matthieu Persan