Ils débarquent de nulle part avec un son très mature et très abouti pour un premier album, dans un genre que l’on pourrait qualifier de blues-punk psychédélique bourré.
Dead Fly Buchowski est un nouveau quatuor anglo-saxon au sens large. Roddy Campbell (Ecosse) au chant – bullshit philosopher aussi – et Tom Davis (Irlande) au chant et à la guitare se sont rencontrés après avoir tous deux joué sur les scènes des bars de Glasgow. Ils se sont adjoints d’abord les services de Simon Hofer (Autriche) à la batterie puis ceux de Michael Thorpe (Angleterre) à la basse. C’est après une beuverie – ce qui semble être l’un de leurs passe-temps favoris à lire la bio – qu’ils choisissent ce nom qui a, disent-ils, l’avantage d’être long et donc de se remarquer plus facilement que les autres. Il n’est cependant pas à confondre avec Charles Bukowski, le célèbre écrivain alcoolo puisque ça n’aura pas échappé aux plus pointilleux que l’écriture diverge. L’idée demeure et c’est ce qui semble compter. S’appeler « la mouche morte Buchowski » a le mérite d’être original mais aussi de bien décrire leur univers.
C’est en six mois et avec très peu de moyens qu’ils vont enregistrer leur album, puis l’envoyer à différents labels, sans trop y croire. Plusieurs se montreront intéressés, Beggars Banquet les signera, moyennant quelques coups de pinceau de la main du producteur Mark Williams, afin de rendre l’album attrayant, sinon vendeur. Leur style psyché du hard rock des années 60 et 70, tout en étant novateur, dépeindra leur musique, à savoir un son très brut, voire brouillon. Leur absence totale de look, leurs – éternelles – soûleries et leur naturel fera le reste. Enfin, ils charrient une réputation scénique béton, où l’impro y tient un rôle primordial.
Ils n’ont pas vraiment besoin de le dire, on sent bien que cette dernière tient une large place dans le processus initial. Ils le précisent d’ailleurs eux-mêmes, la recette est simple : ils boivent des pintes, s’enferment dans un studio et jouent ensemble… On le remarque pas seulement à la longueur des titres (notamment le dernier, « Sun song », qui dépasse les neuf minutes), mais aussi au foisonnement frisant la transe (qu’il faut chercher chez un Jimi Hendrix peut-être) lorsque toute la machine s’emballe. On pense plusieurs fois aux premières galettes de Deep Purple, mais aussi à des formations contemporaines comme The Warlocks.
Le rythme est soutenu du début jusqu’à la fin, et il y a peu de moments de répit. Des titres comme « Been down before » ou « Pandemonium » évoluent à une telle vitesse que l’on se verrait bien – bourré – sur une bécane à toute vitesse, sirotant des bouteilles de bière (tiens, c’est contagieux en plus?)… Il est clair que leur musique est calibrée pour les festivals de rock. Parfois, on dirait du Gomez à la vitesse supérieure, après une soirée arrosée. Par contre, ce qui tient lieu de ballade ici, comme « Didn’t hear you right » et « The way she goes » (avec ses lamentations), propose des riffs crasseux et des changements de rythme additifs. « Blacker than Blue », qui oscille entre les deux, est un des meilleurs titres de l’album avec « Sun song ».
Pour le rangement CD, placez-le entre Comets on fire et Dead Meadow.
Le site de Dead Fly Buchowski