Un album d' »explicit lyrics » accompagnés par d’aussi explicites instrumentations et intonations. Un véritable coup de vent frais sur la production métal alternative actuelle.
Il n’est peut-être pas coutume ici de parler de groupes rentrant dans la catégorie métal. Pourtant, System of a down est un cas à part, distillant ici et là quelques autres éléments étrangers au genre dont la salsa, tout comme The Mars Volta avec qui ils tournent aux USA pour cet album. SOAD prouvent également que le métal le plus enflammé peut contenir des mélodies superbes. Groupe à deux têtes (Serj Tankian et Daron Malakian), il est un condensé de Slayer (avec qui ils partagent le même label, American), des Red Hot Chili Peppers et de Faith No More. Ces deux derniers, moins évidents par le passé, ressortent bizaremment ici de façon presque ostentatoire : le premier dans l’utilisation de la petite guitare funky (« Radio Video ») et des refrains à la « Prodigies of peace », le deuxième par les intonations dans le chant (même Fantômas ou Mr Bungle sont souvent évoqués ici ou là, comme sur « Revenga » ou « Cigaro »).
Connu pour ses positions engagées, Serj Tankian, à l’écriture des paroles, ne se gêne pas pour pondre des pamphlets empoisonnés contre le système américain (« why don’t presidents fight the war, why do they always send the poor »). Notons d’ailleurs que l’année dernière, il a participé plus qu’activement au mouvement Axis of Justice (dont un double CD/DVD relate les concerts), aux côtés du guitariste de l’ex RATM, Tom Morello. Autre brûlot anti Bush dans « Sad statue » : « You and me, we’ll go down in history, with a sad statue of liberty and a genaration that didn’t agree ». SOAD n’a pas attendu que Bush soit au pouvoir pour se défouler, et il n’a plus à présent à chercher midi à quatorze heures pour son inspiration, elle se trouve devant son nez. De là à savoir si c’est du pain béni, il y a un pas que l’on ne franchira pas…
Un parallèle peut être fait avec feu Faith No More : les chansons aux vers pas piqués des hannetons, comme « Cigaro », où le groupe se permet même de faire des vocalises à la manière des Noces de Figaro de Rossini, et dont les paroles plutôt crues (il y est question de pénis le plus grand ou de merde qui sent le plus mauvais…) se rapprochent d’un « Cuckoo for caca » et de la scatologie mythique de Patton… sans parler des jeux de mots, sous-entendus et autres gargarismes bien trouvés et bien amenés (comme Gonorrhea Gorgonzola dans « This cocaine makes me feel like i’m on this song »). Les riffs de guitare et le tempo sont toujours vifs, et ne se calment que pour servir un refrain qui montre les prouesses mélodiques du groupe, et son invitation à déconner et à danser.
« Radio Video » se permet quant à lui de faire un détour par le bratsch et les courants gitans/gypsy de l’Europe de l’est et de l’ancienne Union Soviétique (et pourquoi pas l’Arménie dont Tankian est originaire), avec une pointe de reggae : l’exotisme et l’originalité mettent encore en exergue les prouesses vocales des deux chanteurs (dont Malakian, bien plus présent que par le passé).
Le puissant « Violent pornography » s’attaque au pouvoir de la télé : « it’s a violent pornography, chocking chicks and sodomy, the kinda shit you get on your tv ». No comment.
« Question! » et « Old school Hollywood » font office de remplissage tant ils semblent peu inspirés : le premier singe du Whitesnake , le deuxième utilise platement un modulateur de voix. Enfin, « Lost in Hollywood » paraît avoir été chippé à American Idiot des Green Day, autant pour le chant de Daron Malakian que les paroles (« you should have never trusted Hollywood »).
Mis à part ces trois titres, ce disque laisse augurer un Hypnotize – deuxième volet de cette année 2005 prévu pour cet automne – de très bonne facture.
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