Galang, galang, galang. Gala, gala, gala, galang, galang. You get, you get down. Get down. Gala, gala, gala! Ouais, si ça pouvait être aussi simple…


Alors que l’Angleterre vient d’essuyer une attaque terroriste d’une nouvelle envergure sur son territoire, MIA n’arrive pas au moment le plus propice… Cette jeune anglaise d’origine sri-lankaise, au chant attachant et au minois minouche, livre un album festif aux paroles corrosives et controversées qui ressuscite des groupes indo-pakistanias comme Cornershop, Clinton ou Asian Dub Foundation. Plus contemporains, l’urban poetry du hip hop de The Streets et de Dizzee Rascal peuvent également être rapprochés de MIA.

Maya Arulpragasam est née à Londres de parents originaires du Ceylan, mais est très vite rentrée au pays, son père s’investissant rapidement au sein du mouvement rebelle (enfin, c’est relatif, terroriste serait plus approprié) des Tigres Tamoules. L’inquiétude aidant, le père installe toute sa petite famille à Madras, en Inde. La guerre civile au pays le rendra totalement absent, autant physiquement qu’affectueusement et surtout économiquement. Le père étant devenu une figure emblématique du mouvement, et devant des difficultés – que l’on imagine – pratiquement insurmontables, la famille demande l’asile pour réfugiés politiques à l’Anglettere. Après une éducation à l’occidentale, Maya réussit des études dans une école artistique et sort cet album, en référence à son père (MIA : Missing in action, en d’autres termes disparu), sorte de résilience de ce qu’elle a vécu. A ce propos, certains trouvent son utilisation des logos et autres visuels sur son livret et son site – que d’aucuns considèrent comme une organisation terroriste – un peu limite, sinon plus que déplacée.

On peut soit considérer cela comme secondaire et se focaliser sur la musique, soit trouver cette utilisation, voire cet amalgame très dangereux par les temps qui courent. Il y a une gêne, c’est clair, et on rentre dans la fameuse considération de savoir si les idées de quelqu’un peuvent être effacées d’une oeuvre par ailleurs « valable ». Dans le cas présent, vu que les deux se mélangent, on est entre deux chaises.

Les paroles très politisées d’Arular ne calmeront point les esprits : « I’m a soldier on the run« ; « Like PLO we don’t surrender »… Mais on ne peut qu’être d’accord lorsqu’elle chante « part-time jobbers at a call-centre, no career plans cos you won’t get far » ou « He got Colgate on his teeth and Reebok classics on his feet, at a factory he does Nike and then helps his family ». Ces paroles dépeignent toujours les préoccupations du tiers et du quart monde. Et de conclure « You can be a follower, but who’s your leader ? break that cycle or it will kill ya ».

Ces paroles pas piquées des hannetons (et sujettes à polémique) sont servies – heureusement – sur un plateau d’argent, mêlant allégrement et sans complexes les sons de Londres, New York, Kingston, Brésil et Columbo. Reggae, ragga, dance-hall, bhangra, brum & bass et hip hop s’entremêlent joyeusement, offrant un méli-mélo festif qui, à défaut de convaincre certains, fera au moins bouger les hanches et ouvrir les esprits à des sonorités pour le moins exotiques. Notre métisse engagée se permet même une petite incartade latine (“Hombre”), où elle chantonne un imbroglio hispano-anglo-sri-lankais.

On peut également pointer un talent déconcertant à faire bouger les gens. Les rythmes, très inspirés de la Jamaïque, enpruntent autant à la noirceur d’un Roni Size qu’au joyeux bric à brac d’une Missy Elliott, avec des refrains qui se chantonnent allégrement et une drum & bass percutante.

Produit à la fois par Richard X, Steve Mackay (PULP), Quincy Jones (pour un titre) et son petit ami Diplo, tout a été fait pour que l’album soit – aussi – apprécié chez les nantis…

Bon album mais attention au message qui y est déployé!

Le site de MIA