Le disque bruitiste du duo canadien ressort avec quelques bonus. L’occasion de rectifier le tir et ne pas laisser passer cette deuxième occasion!


Comme si la salve de 2004 n’avait pas suffi à nous assommer, voici que Death from above 1979, cet hybride et curieux (furieux?) duo canadien, nous ressert leur premier opus, affublé d’un deuxième CD nous offrant remix, live (« Do it 93! »), inédits (« Better off dead » et « You’re lively ») et même des clips vidéo. En bref, cet addendum nous offre plus ou moins les mêmes titres dans des couverts techno, ou, à tout le moins, dansants. N’hésitant pas, après avoir mal traité basse et batterie, à faire autant avec les synthés et boîtes à rythmes. Queens of the Stone Age et Nine Inch Nails ne pouvaient mieux choisir leur première partie commune pour leur tournée à venir en Amérique, cet automne. Dieu qu’ils sont doués ces canadiens!

Leur crédo ? Il est simple :
« 1979 is the year of my birth
1979 is the year of OFF THE WALL
1979 is the year of PLEASURE PRINCIPLE

1979 is the last year of the last cool decade

1979 is scratched into my arm
1979 is scratched into my arm
1979 is scratched into my fucking arm « 


Les critiques ? Parlons plutôt d’éloges :
« Brutal enough to make your arse explode » (Kerrang!) à « This is titanic assault of monstruous proportions » (NME), les adjectifs ne manquent pas pour dépeindre le groupe.

Voici le décor planté. Death from above 1979 propose ce qu’il annonce : du rock diabolique, mortel, d’avant 1979. Du Deep Purple et du Black Sabbath mélangés à du Stooges. Le chant est tiraillé, criard, mais tout de même mélodique (si, si, je vous assure) dans un semblant d’imbroglio instrumental. Ce dernier est d’autant plus étonnant que l’on parierait avoir affaire à une grosse bande de tarés. Ils ne sont cependant que deux : Sebastien Grainger à la batterie et au chant et Jesse F. Keeler à la basse et au synthé. Du coup, on pensera inmanquablement à The White Stripes, tout en sachant que musicallement nous sommes – de plus – dans le même registre, en plus foutraque et rentre-dedans, si tant faire se peut.

Dès « turn it out » (CD1) ou « better off dead » (CD2), les choses sont claires : ça va déménager. « Romantic rights » les rapproche du stoner rock (et du bruitisme techno sur le remix du CD2!), abreuvé au premier album des QOTSA et, bien sûr, à l’ancêtre Kyuss. Des groupes plus récents, comme Comets on fire ou Dead Fly Bukowski (aux noms ma foi plutôt similaires), peuvent aussi tenir la comparaison. Les titres sont tout aussi entêtants, enfiévrés, bruts de décoffrage, ne laissant aucun répit. On se dit qu’ils doivent être dans un triste état après avoir exécuté leurs morceaux…

L’explicite « Blood on our hands » semble allier le geste à la parole. En fait, le fonds de commerce ici, on le remarque bien autant avec les originaux qu’avec les remix, c’est le bruit : dans toute sa splendeur, dans tous ses états! Du bruit, du bruit, du bruit. Vous pourrez faire des pieds et des mains, vous n’arriverez pas à convaincre le quidam que DFA1979 c’est uniquement de la musique.

Le seul répit vient avec « Black history month », preuve s’il en est qu’ils savent aussi s’assagir (quoique, pour beaucoup, ce titre n’est pas non plus « doux »). Le chant est très mélodieux, derrière des riffs incisifs et répétitifs.

Le très efficace « Little girl » (serait-ce en écho à « Little sister » de qui vous savez?) fait admirablement usage des timbales de la batterie et de riffs groovy à souhait. Son remix est tout aussi réussi. Enfin, pour emballer le tout, la dernière touche frenchy sensuelle : « Sexy results », avec quelques paroles dans la langue de Molière.

En clair, ceux qui avaient aimé la version 2004 en auront pour leurs frais dans tous les sens du terme – oui, c’est plutôt ralant de voir le même CD resortir quelques mois plus tard… Pour ceux qui ne connaissent pas ce groupe, ils seront plus que rassasiés avec cette version exhaustive de leur talent bruitiste.

Le duo a récemment annoncé vouloir sortir trois albums à la fois sous peu… On a intérêt à se préparer!

Le site de Death from above 1979