Deux albums de pop artisanale qui inspirent la confiance et les ballades en forêt lors de la cueillette des champignons. Sortez vos parapluies !


Hasard du calendrier, -tout comme le ramadan et le nouvel an juif- voilà que nous tombent dessus en même temps les festifs disques de Fruitbats et Holopaw : deux sympathiques artisans pop de l’écurie Sub Pop. Pour mémoire, les deux groupes s’étaient croisés en 2003 en sortant chacun leur album respectif durant l’été. Deux formations charmantes, qui, si en tant que seconds couteaux du label Sub Pop n’ont jamais vraiment fait le poids face aux géniaux Shins et Iron & Wine, savent semer le trouble au milieu des amateurs de pop reposée et bien fignolée.

holopawquit.gif Mais les comparaisons ne s’arrêtent pas là. A vrai dire, Fuit Bats et Holopaw confectionnent tous deux des pop songs assez similaires. Faites dans les règles de l’art, celles-ci sont habillées bien souvent d’une guitare acoustique, un piano et des choeurs qui auraient peur de déranger en faisant trop de bruit. Si les Fruit Bats s’étaient révélés plus convaincant avec Mouthfuls en 2003, cette fois Holopaw semble avoir légèrement pris le dessus. Mais pour tout dire, le plaisir d’écoute est égal, et ces deux disques de pop inoffensive et complémentaire connaissent les bonnes manières et autres règles d’hospitalité enseignées autrefois par les Papas Fritas.

Spelled in Bones, troisième opus des « fruits chauve-souris » (ou ont-ils dégôté un nom pareil ?) est le disque d’un rêveur. Son porte-drapeau, Eric Johnson, (un ex Califone) doit être du genre à décrocher en plein milieu d’une conversation sans s’en rendre compte, perdu dans ses pensées. Bien sûr, c’est fâcheux pour son interlocuteur, mais c’est tout bénef pour nous ! D’une douceur infinie, cette musique pourrait accompagner vos dimanches matin en chaussons, lorsque l’humeur est légère et que les tympans ont été bien maltraités la vieille lors d’un concert de Fantômas. Pour véhiculer une humeur aussi légère, les guitares acoustiques doivent être certainement entreposées dans une grange remplie de coton. Aucune crise identitaire ne semble émailler de ses pop songs timides, et du coup, aucun titre ne se dégage réellement du lot – ce qui ne veut pas dire que l’album est plat. Faites-moi le plaisir de retirer cette idée de la tête.

De son côté, Quit +/or Fight, second opus d’Holopaw, aime aussi s’éloigner de la terre ferme, comme en témoigne cette mignonne pochette où des nuages dessinent le nom du groupe. Toutefois, ce quatuor originaire de Floride se frotte davantage aux guitares électriques de la côte ouest, celle des Byrds avec ces arpèges qui tournoient au-dessus de votre tête comme des lassos. Les compositions sont simples et brillantes à la manière des Magic Numbers, mais qui seraient agrémentés avec une panoplie d’instruments plus conséquente. Le matériel d’Holopaw s’est donc incontestablement enrichi depuis notre précédente rencontre, et l’on recense à peu près le même attirail que Belle & Sebastian : Lap Steel en arrière fond, un Wurlitzer et autres claviers rondouillets et quelques violons lorsque l’humeur l’exige. A l’instar des Fruit Bats, une délicate présence féminine vient se poser sur bandes, comme pouvait autrefois le faire Isobel Campbell aux côtés de Stuart Murdoch. Cela se clôt avec Shiver, une véritable bulle de savon flottant dans un jardin Louis XV, destiné à devenir un classique.

Ne dépassant chacun pas plus de 30 minutes au compteur, ces deux disques de pop délicate seront un petit bonheur pour ceux qui prendront la peine de poser une oreille dessus. A bon entendeur…

-Le site des Fruit Bats
-Le site d’Holopaw
-Le site de Sub Pop Records